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Serbie-Bulgarie: l’UE met la main à la poche pour contenir l'afflux de migrants

L’Union européenne va envoyer des caméras thermiques à la Serbie pour l’aider à contrôler ses frontières et bloquer l’afflux de migrants. Ils seraient 110.000 à être arrivés en Serbie depuis le début 2016. Sur la même période, la Bulgarie en a enregistré 13.000. Grâce aux aides de l'UE, Sofia va pouvoir augmenter de près de la moitié sa capacité d’accueil de demandeurs d'asile.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des militaires et des gendarmes serbes patrouillent ensemble pour renforcer leurs frontières avec la Macédoine et la Bulgarie contre les tentatives d'entrée illégale de migrants. (SASA DJORDJEVIC / AFP)

La Serbie est devenue en 2015 un des maillons de la «route des Balkans».Mais ne pouvant faire face à l'afflux de migrants, Belgrade a appelé à une solution globale, prévenant qu'elle n'avait pas les moyens d'accueillir un nombre massif de personnes bloquées aux portes de l'Europe.

Le pays a vu plus d'un million de réfugiés et migrants remonter de Grèce jusqu'en Allemagne. Belgrade en a enregistré 110.000 depuis début 2016 venant de Macédoine ou de Bulgarie dont certains ont rejoint la Croatie puisque la Hongrie a fermé sa frontière en 2015. La Serbie héberge actuellement dans des camps, dans des conditions sanitaires sont souvent précaires, quelque 7.000 demandeurs d'asile.

Caméras thermiques fournies par l'UE
La Délégation de l'UE à Belgrade et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) «ont signé un contrat d'un million d'euros» qui prévoit notamment «un système fixe de surveillance thermique, des caméras thermiques portables». L'accord prévoit également la formation de personnels et une aide administrative, selon la communiqué de l'UE. 

«Nous allons continuer à travailler ensemble pour ne plus jamais permettre un retour à une situation de migrations incontrôlée comme l'an passé, tout en apportant des conditions de vie humaines aux migrants et réfugiés», a déclaré le 21 septembre 2016 Michael Davenport, ambassadeur de l'UE en Serbie. Mi-septembre, le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic et le gouverneur de la Banque de développement du Conseil de l'Europe Rolf Wenzel ont signé à Paris un accord sur l'octroi d'une aide de 755.000 euros destinée aux migrants.
 

Depuis juillet, la Serbie a renforcé ses contrôles frontaliers, des militaires prêtant main forte aux policiers déployés. De plus, la frontière serbo-hongroise est fermée par une clôture barbelée.

Soutien accru de l'UE à la  Bulgarie
L'UE doit dans le même temps fournir «un nombre significatif de véhicules et de personnel ainsi que d'un soutien pour renforcer les capacités d'accueil» de la Bulgarie, pays d'où viennent la plupart des réfugiés entrant en Serbie. Sofia pourra accueillir «jusqu'à 3.000 migrants supplémentaires dans des centres provisoires de crise, ce qui portera sa capacité d'accueil à 10.000 places», a déclaré le vice-ministre bulgare de l'Intérieur Filip Gounev.

Cette augmentation de la capacité d'accueil de la Bulgarie est rendue possible grâce aux 160 millions d'euros d'aides européennes promises lors du sommet de Bratislava, le 16 septembre 2016. La Bulgarie consacrera ainsi 30 millions à l'agrandissement de ses centres d'accueil, notamment du camp de Harmanli, à la frontière turque, le plus important du pays avec 2.800 places. Et 130 millions au renforcement de ses dispositifs de contrôles frontaliers, a précisé M.Gounev.

Et ce dernier d'ajouter la création de nouvelles structures dont la localisation est gardée secrète pour, selon lui, éviter des protestations de la population.

Hausse de la proportion d'Afghans
Jadis simple pays de transit, la Bulgarie a enregistré quelque 13.000 migrants depuis le début 2016. Le pays note un changement de la «structure migratoire», et notamment une forte hausse de la proportion d'Afghans, qui représentent aujourd'hui 70% des migrants, contre 12% de Syriens. Sofia table sur la signature prochaine d'un accord de réadmission entre l'UE et l'Afghanistan afin de pouvoir renvoyer les migrants de ce pays.

C'est à la frontière bulgaro-turque, le 6 octobre, que le nouveau Corps européen de gardes-frontières qui doit remplacer l'agence Frontex devait être inauguré. Quelque 200 agents de pays européens seront ainsi postés aux frontières bulgares, selon le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos.
 
Malgré la fermeture en mars par l'UE de la route des Balkans, itinéraire prisé des migrants, des centaines de personnes fuyant la guerre et la misère au Proche-Orient, en Asie et en Afrique, tentent quotidiennement de rejoindre clandestinement l'Europe de l'Ouest. 

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