Royaume-Uni : David Cameron a confié un important dossier à un ministre pro-Murdoch
Selon des témoignages recueillis par une commission d'enquête, le chef de l'exécutif britannique a confié le dossier du controversé rachat du bouquet satellitaire BSkyB à un ministre dont il savait qu'il était favorable à l'offre présentée par le Ruppert Murdoch.
L'affaire Murdoch se rapproche encore du Premier ministre David Cameron. Selon des témoignages recueillis jeudi 24 mars par une commission d'enquête, le chef de l'exécutif britannique a confié le dossier du controversé rachat du bouquet satellitaire BSkyB à un ministre dont il savait qu'il était favorable à l'offre présentée par le Ruppert Murdoch
Cette commission est chargée de se pencher sur les pratiques de la presse britannique. Et ces révélations sont embarrassantes pour le chef du gouvernement dont les liens avec Murdoch ont déjà été mis en cause à plusieurs reprises ces derniers mois.
Un rachat très contesté et finalement annulé
News Corporation, le groupe qui chapeaute l'empire Murdoch, possède 39,1% de BSkyB. Mais il avait tenté de le racheter intégralement avant de jeter l'éponge l'été dernier en raison du scandale du journal News of the World. Ce tabloïde de Murdoch avait dû fermer car il était accusé d'avoir mené des écoutes téléphoniques sur quelque 800 personnes pour obtenir des scoops.
Le ministre du Commerce Vince Cable avait été dessaisi fin 2010 du dossier BSkyB, pour avoir affirmé qu'il avait "déclaré la guerre" au magnat des médias. Le dossier, très sensible car les velléités de Murdoch avaient suscité une levée de boucliers de ses concurrents, avait alors été confié au ministre de la Culture, Jeremy Hunt, chargé de se prononcer à ce sujet. Or un mois avant, Hunt avait écrit une note à Cameron dans laquelle il le mettait en garde contre les conséquences éventuelles pour le secteur des médias d'un rejet de l'offre de Murdoch sur BSkyB.
Des liens étroits entre Hunt et le groupe Murdoch
Ce mémo a été évoqué lors de l'audition d'un ancien conseiller de Jeremy Hunt, Adam Smith, par la commission d'enquête. Dans sa lettre, Hunt expliquait que le fils de Murdoch, James, était "vraiment furieux" que l'autorité de régulation des médias ait été saisie sur le dossier BSkyB. "Nous devons faire attention au fait que toute tentative pour bloquer le dossier résulte d'une réelle volonté de préserver la pluralité et non du lobbying de la concurrence", avait-il écrit. "Si nous le bloquons, notre secteur des médias souffrira pendant des années".
L'opposition a réclamé à plusieurs reprises ces dernières semaines la démission de Hunt, après la divulgation de courriels suggérant des liens très étroits entre ses services et l'empire Murdoch. Avant l'audition du conseiller, la commission avait entendu un lobbyiste français, Frédéric Michel, qui avait été chargé par News Corp. de promouvoir le projet de rachat de BSkyB. Or, il est apparu que ce lobbyiste avait passé 191 coups de fil, envoyé 158 e-mails et près de 800 textos aux conseillers de Hunt.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.