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Présidentielle russe : l'OSCE dénonce des irrégularités, l'Occident ne fait pas de vagues

Paris, Washington et l'Union europĂ©enne ont demandĂ© des enquĂȘtes mais ont reconnu la victoire au premier tour de l'actuel Premier ministre qui va ainsi retrouver le fauteuil de prĂ©sident qu'il a dĂ©jĂ  occupĂ© de 2000 Ă  2008.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, à Moscou (Russie), le 4 mars 2012. (ALEXEY DRUZHININ / RIA-NOVOSTI / AFP)

Une campagne électorale "clairement biaisée" en faveur de Vladimir Poutine et d'importantes irrégularités lors du décompte des voix. Le verdict des observateurs électoraux de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est sévÚre, au lendemain de la victoire de l'actuel Premier ministre au premier tour de la présidentielle russe.

‱ Elu Ă  la majoritĂ© dĂšs le premier tour

Vladimir Poutine a recueilli environ 63,97% des voix, selon les résultats portant sur 98,47% des bureaux de vote. Le communiste Guennadi Ziouganov obtient 17,18% des voix, le libéral Mikhaïl Prokhorov 7,7%, le populiste Vladimir Jirinovski 6,24% et le centriste Sergueï Mironov 3,84%. Les résultats définitifs du scrutin sont attendus dans la journée de lundi.

‱ Poutine fĂȘte sa victoire aprĂšs "une lutte honnĂȘte"

A peine les premiers résultats dévoilés, plus de 100 000 partisans du désormais ex-Premier ministre russe se sont regroupés au centre de Moscou devant une scÚne avec des écrans géants et des hauts-parleurs dignes d'un concert de rock. Quelque 36 500 hommes ont été mobilisés pour dissuader toute velléité de contestation, donnant par endroits à la ville des allures de camp retranché.

Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev, le futur et l'actuel président russe, le 4 mars 2012 à Moscou (Russie). (DMITRY ASTAKHOV / RIA NOVOSTI / REUTERS)
Vers 20 heures, accompagnĂ© de Dmitri Medvedev, Vladimir Poutine est apparu larmoyant, lançant Ă  la foule : "Nos Ă©lecteurs savent faire la diffĂ©rence entre le dĂ©sir de renouveau et les provocations politiques dont le but est de dĂ©truire notre Etat.(...) Je vous avais promis que nous serions vainqueurs. Nous avons gagnĂ©. Gloire Ă  la Russie !" Il a Ă©galement balayĂ© les soupçons de manipulation des votes, assurant : "Nous avons gagnĂ© dans une lutte honnĂȘte."

Les larmes de Vladimir Poutine (Francetv info)

‱ Des fraudes constatĂ©es par l'OSCE et l'opposition

"Le processus s'est détérioré lors du décompte des voix et a été évalué négativement [par l'OSCE] dans prÚs d'un tiers des bureaux de vote en raison d'irrégularités de procédure", a déclaré l'OSCE dans un communiqué.

Dans la journĂ©e de dimanche, les tĂ©moignages de fraudes se sont multipliĂ©s dans diffĂ©rentes villes du pays. Des blogueurs et des observateurs dĂ©pĂȘchĂ©s par l'opposition dans les bureaux de vote ont signalĂ© des infractions. Golos, un groupe indĂ©pendant, a dit avoir dĂ©comptĂ© au moins 2 283 irrĂ©gularitĂ©s Ă  l'Ă©chelle nationale.

"C'est une Ă©lection de voleurs, absolument malhonnĂȘte et indigne", a dĂ©clarĂ© le candidat communiste, Guennadi Ziouganov, à la tĂ©lĂ©vision. Vladimir Rijkov, un des organisateurs des manifestations d'opposition de ces derniers mois, a jugĂ© de son cĂŽtĂ© que "pas un paramĂštre ne permet de considĂ©rer cette Ă©lection comme lĂ©gitime".

‱ L'occident demande des enquĂȘtes mais reconnaĂźt la victoire

"L'élection n'a pas été exemplaire, c'est le moins que l'on puisse dire", a déclaré de son cÎté Alain Juppé, le chef de la diplomatie française. Mais selon lui, "on peut estimer que globalement, malgré ces critiques (...), la réélection du président Poutine n'est pas en cause".

Washington a appelĂ© la Russie Ă  enquĂȘter de maniĂšre "indĂ©pendante" sur d'Ă©ventuelles irrĂ©gularitĂ©s dĂ©noncĂ©es par l'opposition russe et la mission d'observation de l'OSCE. Toutefois, la Maison Blanche s'est Ă©galement dit "prĂȘte Ă  travailler" avec Vladimir Poutine une fois les rĂ©sultats validĂ©s, selon le dĂ©partement d'Etat.

De son cÎté, l'Union européenne s'est bornée à prendre "note" de la "nette victoire" du futur président russe, dans un communiqué du chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui "encourage" Moscou "à remédier aux lacunes" du processus électoral.

‱ Au pouvoir jusqu'en 2024 ?

Ces fraudes prĂ©sumĂ©es sont au centre de toutes les attentions, depuis que des tĂ©moignages et des vidĂ©os publiĂ©s sur internet lors des Ă©lections lĂ©gislatives de dĂ©cembre dernier ont poussĂ© des milliers de Russes Ă  manifester contre le rĂ©sultat des Ă©lections, dans un mouvement de contestation sans prĂ©cĂ©dent depuis l'arrivĂ©e de Vladimir Poutine à la tĂȘte du pays.

Ce dernier, Premier ministre depuis 2008, avait quitté le Kremlin cette année-là faute de pouvoir effectuer plus de deux mandats consécutifs, conformément à la Constitution. Il va donc pouvoir retrouver son fauteuil de président pour la troisiÚme fois. Et il pourrait bien y rester un certain temps, une réforme constitutionnelle ayant porté le mandat de quatre à six ans. Vladimir Poutine aura le droit de se représenter en 2018 et pourrait se maintenir au pouvoir jusqu'en 2024.

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