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Présidentielle française: pour qui votent les grandes puissances?

Les dirigeants des principales puissances économiques préfèrent-ils Marine Le Pen ou Emmanuel Macron? Tout au long de la campagne, au risque d'enfreindre les règles les plus élémentaires de la diplomatie, ils ont affiché de façon explicite ou non leur préférence pour l'un des favoris de la présidentielle française.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5 min
Affiches des candidats à la présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, photographiés à Nantes le 4 mai 2017 (SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA)

Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont brièvement évoqué, lors du débat d’entre-deux tours du 3 mai 2017, l’image internationale de la France. L’occasion pour la présidente du Front national de citer des pays qui soutiendraient sa vision politique. 


L’Allemagne, l’autre membre du couple franco-allemand locomotive de l’Union européenne, ne fait plus mystère de son choix et lui préfère Emmanuel Macron. 

La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi confié au Berliner Zeitung le 3 mai 2017 qu’elle se «réjouirait» de la victoire d’Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche ! Angela Merkel l’a reçu en mars 2017 et l’avait rencontré auparavant quand il était secrétaire général adjoint de l’Elysée. «Sa victoire, estime-t-elle, serait un signe positif pour les partis du centre, et nous voulons qu’ils restent forts ici en Allemagne»


A l'Union européenne, on ne cache pas non plus son enthousiasme depuis la victoire au premier tour du prétendant pro-européen Emmanuel Macron. Jean-Claude Junker, le président de la Commission, a félicité le chef d’En Marche ! et lui a souhaité bonne chance contre Marine Le Pen.

La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini s’est également fendue d’un tweet élogieux à l'égard d’Emmanuel Macron.

Entre enthousiame pro-Macron et attentisme
Même engouement chez le Premier ministre canadien Justin Trudeau qui a cependant évité de mentionner le nom de son champion. Invité à commenter les propos de son nouvel envoyé spécial du gouvernement en Europe, Stéphane Dion, qui s’était prononcé en faveur de leader d’En Marche !, le responsable canadien a indiqué qu’il «cherche toujours une politique qui rassemble les gens». «C’est ce sur quoi j’ai fait campagne. Je cherche toujours des gens qui peuvent rassembler plutôt que diviser», rapporte Le Journal de Québec

Au sein du Commonwealth, il semble que l’on ait choisi d’afficher son inclination avec discrétion. Contrairement aux leaders politiques britanniques, Downing Street a fait savoir qu’il ne soutiendrait pas officiellement le favori de la présidentielle française mais la Première ministre Theresa May a invité Emmanuel Macron à Londres en février 2017. Une invitation vivement critiquée par son adversaire Marine Le Pen qui n'a pas droit de cité pour les autorités britanniques. La Grande-Bretagne a rappelé en début d'année sa ligne officielle concernant l'extrême droite française: pas de contact. 


Emmanuel Macron, le candidat d'En Marche ! à la présidentielle 2017, face à ses partisans lors d'un meeting à Paris le 1er mai 2017. 
 (Christophe Ena/AP/SIPA)
Du côté de l’Italie, les réactions officielles sont plus attentistes. Dans un entretien accordé à CNBC, le ministre italien des Finances Pier Padoan a déclaré qu’Emmanuel Macron avait «un programme pro-européen et pro-marché fort» et que l'Europe risque «la désintégration» avec son adversaire. Néanmoins, il est préférable, selon lui, d’attendre les résultats du second tour.

La diplomatie chinoise est encore plus prudente. Interrogé sur la présidentielle française au lendemain du premier tour, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Geng Shuang a indiqué que l’élection est «une affaire de politique intérieure»  et qu’il ne la commenterait pas tout en indiquant que Pékin, premier partenaire commercial de la France en Asie, l'avait suivie «de près». «La France est un Etat clé de l'Union européenne et également un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Ces dernières années, la relation franco-chinoise s'est développée à un haut niveau et a joué un rôle moteur dans les relations entre la Chine et l'Union européenne et entre la Chine et des pays occidentaux», a-t-il ajouté.

Marine Le Pen, la candidate du Front national à la présidentielle 2017, en meeting le 4 mai 2017 à Ennemain, dans le nord de la France.  (Michel Spingler/AP/SIPA)


Soutien de taille mais du bout des lèvres pour Marine Le Pen
En Russie et aux Etats-Unis, les commentaires sur l’élection présidentielle sont plus flous que réservés. Mais au Kremlin ou à la Maison-Blanche, c’est plutôt Marine Le Pen qui semble avoir la côte même si leurs hôtes se gardent bien de tout soutien explicite.

Donald Trump s’en est même défendu après qu’un de ses tweets, publié le 21 avril après l'attaque terroriste des Champs- Elysées, a été interprété comme un adoubement à la candidate du Front National (FN). 


Il a cependant affirmé que Marine Le Pen «est la plus ferme sur la question des frontières et la plus ferme eu égard à ce qui se passe en France» lors d'un entretien accordé à l’agence américaine Associated Press. Si les propos de Donald Trump ne sont pas toujours très clairs, son porte-parole Sean Spicer, lui, a été catégorique. Il a répondu «non» quand on lui a demandé si le président américain avait un candidat préféré dans la présidentielle française. Le prédécesseur de Donald Trump en a un pour sa part : Barack Obama vote pour Emmanuel Macron. 

La Russie de Vladimir Poutine est tout aussi sibylline que l'Amérique de Trump. Mais contrairement à son homoloque, le président russe a reçu Marine Le Pen. «Nous ne voulons en aucun cas avoir de l'influence sur les évènements, mais nous nous réservons le droit de rencontrer les représentants de toutes les forces politiques, comme le font nos partenaires européens et américains», a-t-il déclaré lors de sa rencontre avec la responsable du FN en mars 2017.

«Je n’ai pas remarqué que la Russie soutenait un des candidats à la présidendtelle française», a réitéré Vladimir Chizhov, l’ambassadeur russe auprès de l’Union européenne le 3 mai 2017, quelques heures avant le débat d’entre-deux tours, rapporte Euobserver.

Cependant, le Front national de Marine Le Pen a reçu des prêts de plusieurs banques russes. De même, selon un rapport de la société de sécurité informatique Trend Micro publié le 25 avril 2017, un groupe de pirates informatiques proches du Kremlin a tenté de pirater la campagne d’Emmanuel Macron.   

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