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Pour mettre fin à la polémique, le prédicateur du Vatican a présenté ses excuses dans un journal italien dimanche

"Si j'ai contre ma volonté heurté la sensibilité des juifs et des victimes de la pédophilie, je le regrette sincèrement et je m'en excuse en réaffirmant ma solidarité avec les uns et les autres".C'est ce qu'a déclaré le père Raniero Cantalamessa au plus important quotidien de la péninsule, le Corriere della Sera
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Messe de Benoît XVI à la basilique Saint-Pierre, le 2 avril 2010 (AFP/ANDREAS SOLARO)

"Si j'ai contre ma volonté heurté la sensibilité des juifs et des victimes de la pédophilie, je le regrette sincèrement et je m'en excuse en réaffirmant ma solidarité avec les uns et les autres".

C'est ce qu'a déclaré le père Raniero Cantalamessa au plus important quotidien de la péninsule, le Corriere della Sera

Ses déclarations rapprochant les attaques contre l'Eglise, suscitées par les multiples révélations sur les prêtres pédophiles, de la persécution des juifs, avait suscité un tollé.

Devant Benoît XVI vendredi, le père Raniero Cantalamessa avait lu une lettre de "solidarité" au pape et à l'Eglise, qu'il aurait reçu d'un "ami juif". "L'utilisation du stéréotype, le passage de la responsabilité et de la faute personnelles à la faute collective me rappellent les aspects les plus honteux de l'antisémitisme", aurait écrit l'auteur de la lettre cité par le prédicateur de la maison pontificale. Le porte-parole du Vatican a ensuite souligné qu'il ne s'agissait "pas de la position officielle du Vatican ".

Les victimes de prêtres pédophiles indignées
"Cela fait mal au coeur de voir un responsable de haut rang du Vatican , une personne avisée, faire des remarques aussi dures, qui sont une insulte aussi bien pour les victimes d'agressions sexuelles que pour les juifs", a déclaré dans un communiqué David Clohessy, qui dirige un groupe de défense des victimes de prêtres pédophiles, le SNAP (Survivors Network of those Abused by Priests).

"Il est moralement erroné de comparer la violence physique réelle et la haine visant un grand nombre de personnes innocentes avec ce qui n'est rien de plus que l'examen public des actes d'un petit groupe de responsables complices", écrit encore M. Clohessy.

Des associations juives scandalisées
De son côté, le rabbin Gary Greenebaum, chargé des relations interreligieuses au sein de l'American Jewish Comittee, a qualifié de "malvenues" les déclarations du père Cantalamessa. "Ce n'est pas une comparaison adéquate, c'est évident et clair pour la plupart des gens", a-t-il déclaré à l'AFP.

Il est "compréhensible que l'Eglise se sente sous pression", mais en s'exprimant, les responsables catholiques "doivent veiller à ne pas pratiquer l'hyperbole", a mis en garde le rabbin.

Marvin Hier, lui aussi rabbin et fondateur du Centre Simon Wiesenthal, une organisation de défense des droits de l'homme qui lutte contre l'antisémitisme, a demandé rien de moins que les excuses du pape. Les remarques du père Cantalamessa sont "honteuses, hors de propos et constituent une déformation totale de l'histoire", a-t-il déclaré dans un communiqué. Le rabbin se demande comment on peut mettre en regard des siècles d'antisémitisme qui ont mené à "la mort de dizaines de millions de personnes innocentes, avec des criminels qui renient leur foi et leur vocation en agressant sexuellement des enfants". "Ces remarques blessantes ont été faites en présence du pape, et le pape lui-même devrait en assumer la responsabilité et demander des excuses", écrit-il.

Le rapprochement fait par le prédicateur du Vatican entre les attaques contre le pape dans les scandales de pédophilie et l'antisémitisme est "une insulte et une impertinence", a affirmé samedi le sécrétaire général du Conseil central des juifs d'Allemagne. "Il s'agit d'une impertinence et d'une insulte vis-à-vis des victimes des abus sexuels ainsi que des victimes de la Shoah", a déclaré Stephan Kramer à l'AFP. Le Vatican "a recours aux méthodes habituelles utilisées depuis des décennies pour étouffer et cacher les histoires qui éclaboussent" l'Eglise catholique, selon M. Kramer.

L'archevêque de Dublin "stupéfait"
L'archevêque catholique de Dublin a fait part de sa stupéfaction en entendant samedi l'archevêque de Canterbury, et chef des anglicans, juger que l'Eglise catholique d'Irlande a perdu toute crédibilité en raison du scandale d'abus sexuels sur des enfants par des prêtres. "Qu'une institution si profondément ancrée dans la vie d'une société (...) perde soudain toute crédibilité n'est pas seulement un problème pour l'Eglise, c'est un problème pour tout le monde en Irlande", a déclaré Rowan Williams, dans un entretien que la BBC doit diffuser la semaine prochaine, selon des propos rapportés par le Times.

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