"Newsweek" aligne les clichés sur la France, le web se gausse
Dans un article prédisant "la chute de la France", le magazine américain raconte qu'un litre de lait coûte près de 6 euros à Paris.
La France, ce pays où, depuis deux ans, les taxes sont devenues si lourdes que tous les talents quittent le pays. Un exil qui rappellerait celui des Huguenots, les protestants qui durent s'exiler après la révocation de l'édit de Nantes, en 1685, par Louis XIV. Ce tableau pour le moins simpliste est brossé par le magazine américain Newsweek, dans un article publié vendredi 3 janvier.
Le lait à 6 euros le litre, et autres énormités
L'article, sobrement intitulé "The Fall of France", ("La chute de la France"), mélange les critiques sur la politique économique de la France avec une bonne dose de clichés et d'inexactitudes. Ainsi, l'auteure de l'article, la journaliste Janine di Giovanni, critique le coût de la vie quotidienne à Paris, devenu "astronomique". Selon elle, le prix d'un demi-litre de lait atteindrait "près de 4 dollars" (soit 3 euros). Ce qui n'a pas manqué de faire réagir les réseaux sociaux.
Je ne sais pas où la journ. de Newsweek achète son 1/2l de lait à 4$, ms chez Monop' c'est 5€ les 6l. Faut lui dire. http://t.co/S9xepqeO2p
— Amandine Rebourg (@Amandiine) January 5, 2014
La journaliste, qui vit depuis dix ans dans le très huppé 6e arrondissement de Paris et qui scolarise son fils dans la prestigieuse Ecole alsacienne, évoque les Français qui profiteraient des largesses de l'Etat-providence, ses "amis syndicalistes" qui se paient deux mois de vacances avec leurs allocations chômage, cette banquière qui a passé son congé maternité à faire de la voile en Guadeloupe.
Et enfile au passage de jolies perles : elle assimile ainsi la prise en charge de la rééducation périnéale par la sécurité sociale pour les jeunes accouchées à une vaste politique visant à rendre les femmes en question à nouveau désirables pour leurs maris ("C'est tellement français !").
De l'origine du mot "entrepreneur"
Janine di Giovanni est particulièrement sévère avec le gouvernement socialiste. Pierre Moscovici est décrit comme "le ministre tant détesté des Finances". François Hollande, "rondelet et plan-plan", est critiqué pour n'avoir jamais mis les pieds en Chine avant de devenir président. Quant à la ministre déléguée à l'Economie numérique "Fleur Pellegrin" (sic), elle a été dépêchée au Forum économique mondial de Davos car elle serait la seule membre du gouvernement à parler couramment anglais.
Citant plusieurs hauts responsables du monde institutionnel et entrepreneurial français - qui, curieusement, restent tous anonymes - déplorant le déclin rapide de la France, Newsweek se demande où sont les Richard Branson et Bill Gates français.
Et de s'étonner, reprenant un vieil adage américain, que la langue française ne compte aucun mot pour le terme anglais "entrepreneur". Alors même que le mot vient précisément du français, reconnaissent les dictionnaires britanniques… Sur Twitter, le chef d'entreprise Marc Simoncini, fondateur notamment du site Meetic, apprécie.
"The problem with the French is they have no word for entrepreneur." http://t.co/hooqOyPjfe #restonscalme
— Marc Simoncini (@marcsimoncini) January 4, 2014
"La chute de Newsweek"
L'article, en tête des plus lus du site de Newsweek dimanche en fin d'après-midi, est sous le feu des critiques, venues notamment de journalistes français. Questionnant le sérieux de l'auteure, certains proposent de rebaptiser le texte "La chute de Newsweek" ou se demandent si, avec "une fausse affirmation par paragraphe", le magazine concourt pour le "record mondial du plus mauvais journalisme".
1 false statement per paragraph: Newsweek must be running for the world record of bad journalism! http://t.co/eI769Uzpsm
— Nicolas Barré (@nicolasbarre_) January 5, 2014
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