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MSF lance une opération en Méditerranée "pour secourir des migrants déshydratés et épuisés"

L'organisation Médecins sans frontières va arpenter, à partir du 2 mai, la Méditerranée sur un bateau médicalisé pour porter assistance aux personnes en détresse.

Article rédigé par Julie Rasplus - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des migrants attendent un ferry dans le port de Lampedusa (Italie), le 20 février 2015, pour embarquer vers la Sicile.  (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

Ils veulent gagner l'Europe, au péril de leur vie. Avec le retour des beaux jours et une mer plus calme qu'en hiver, des centaines de migrants, obligés de fuir leur pays, s'entassent de nouveau dans des embarcations de fortune pour un long périple sur la Méditerranée. Et les drames se répètent. Le naufrage d'un chalutier au large de la Libye a fait au moins 800 morts ce week-end, d'après un bilan délivré mardi 21 avril. Depuis janvier, plus de 1 750 migrants sont morts en mer ; c'est 30 fois plus que le bilan établi sur la même période en 2014. 

Face à cette hécatombe, Médecins sans frontières (MSF) a décidé d'agir. Michaël Neuman, directeur de recherches au sein de l'association, explique à francetv info comment MSF va agir.  

Francetv info : Vous lancez une opération de sauvetage pour les migrants en détresse en pleine mer. En quoi va-t-elle consister ? 

Michaël Neuman : En partenariat avec l'organisation maltaise MOAS (Migrant Offshore Aid Station), nous allons médicaliser un bateau d'une quarantaine de mètres. Le My Phoenix pourra accueillir jusqu'à 400 migrants. A partir du 2 mai, il patrouillera entre l'Europe et les côtes africaines afin de localiser les migrants en détresse, les secourir, les prendre en charge médicalement, puis les ramener sur les côtes italiennes ou aux gardes-côtes. Nous agissons pour cela en coordination avec le centre de sauvetage italien, basé à Rome.

L'équipage sera composé d'une vingtaine de personnes, auxquelles s'ajouteront deux infirmiers et un médecin. L'objectif de cette opération, qui doit durer six mois - à savoir le temps de la saison migratoire -, est de secourir des gens déshydratés, épuisés, traumatisés par les conditions de leur voyage et dont la peau est souvent brûlée par le soleil.

Pourquoi lancer cette opération maintenant ? 

Elle était déjà dans les tuyaux. Cela n'a donc pas grand-chose à voir avec les événements tragiques de ces derniers jours. L'idée est surtout venue après la suspension de l'opération de la marine italienne Mare Nostrum, en octobre 2014, et de son non-remplacement par un autre dispositif de secours efficace. C'est l'opération Triton qui a pris la relève, mais elle fait surtout de la surveillance. Mare Nostrum, c'était une trentaine de navires et, sur le plan humanitaire, le dispositif était assez remarquable. 

Toutefois, nous ne viendrons pallier que très partiellement sa disparition. Avec My Phoenix, on veut surtout dénoncer le fait que les capacités de secours sont très, très, largement insuffisantes au regard de la situation. 

Est-ce une solution qui vise à devenir pérenne ? L'opération pourra-t-elle être reconduite l'année prochaine ? 

Cela dépendra de la réponse de l'Union européenne face au problème de ces bateaux en perdition en Méditerranée. Si la réponse est à la hauteur et que le manque que nous déplorons ces dernières semaines, est comblé, alors l'action de MSF en Méditerranée perdra un peu de son sens. Mais sinon, il est probable qu'on continue. Dans ce cas, ça voudra dire qu'on sera en situation d'échec sur les solutions à apporter. Il faut commencer à penser à l'ouverture de canaux légaux afin que les migrants, qui n'ont pas d'autre choix que de fuir leurs pays, puissent demander l'asile plus simplement. Tant que la réponse sera uniquement répressive, les migrants resteront prisonniers des passeurs. 

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