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Vidéo "Pourquoi l’Europe accueille les Ukrainiens mais pas nous, les Syriens ? On est des êtres humains comme eux", s'insurge le père du petit Alan

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Complément d'enquête. "Pourquoi l’Europe accueille les Ukrainiens, mais pas nous ? On est des êtres humains comme eux", s'insurge le père du petit Aylan
Complément d'enquête. "Pourquoi l’Europe accueille les Ukrainiens, mais pas nous ? On est des êtres humains comme eux", s'insurge le père du petit Aylan Complément d'enquête. "Pourquoi l’Europe accueille les Ukrainiens, mais pas nous ? On est des êtres humains comme eux", s'insurge le père du petit Aylan
Article rédigé par France 2
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Cette photo avait bouleversé le monde entier. L'image du corps sans vie d'un petit garçon de trois ans sur une plage turque, mort noyé avec une partie de sa famille syrienne qui tentait de rejoindre l'Europe, aurait dû tout changer. C'est du moins ce qu'avait espéré le père du petit Alan, qui porte une parole très forte ce 12 mai 2022 dans "Complément d'enquête". 

La tragédie personnelle qu'il a vécue en 2015 est devenue un drame international, avec une photo bouleversante qui a fait le tour du monde : l'image de son petit garçon gisant sur une plage turque. Alan (et non Aylan, comme son prénom avait été orthographié dans la presse) avait 2 ans et demi quand il a trouvé la mort, noyé, avec sa famille syrienne qui tentait de rejoindre les côtes grecques. Seul son père a survécu à la traversée, où ont aussi péri la mère et le frère d'Alan. "L'un après l'autre, ils sont morts noyés dans mes bras", confie Abdullah Kurdi, qui a accepté de témoigner dans "Complément d'enquête". 

"Une tragédie, mais aussi une interpellation", avait réagi François Hollande, alors président de la République – sans pour autant offrir l'asile au survivant. La réaction des autres pays européens n'a pas été davantage à la hauteur du drame, estime le papa d'Alan. "Pendant un moment, l'Europe s'est mise à accepter des réfugiés (...) mais très vite, ils ont tout refermé, mis des barbelés partout. Ils ont humilié les réfugiés." 

"J'ai beaucoup de compassion pour l'Ukraine, mais le monde entier est témoin de ce 'deux poids deux mesures'. De la manière dont l'Europe est capable, d'un côté, d'accueillir des réfugiés ukrainiens, alors que de l'autre elle rejette les Syriens, les Yéménites, et les citoyens de plein d'autres pays en guerre."

Abdullah Kurdi

dans "Complément d'enquête"

Aujourd'hui, ce sont les dirigeants européens qu'il tient pour responsables de la mort de sa femme et de ses fils. "Bien sûr que je les condamne. S'ils ne faisaient pas tout pour nous bloquer, tout ce drame ne serait jamais arrivé."

Originaire de Damas, la famille Kurdi avait fui la guerre en Syrie. Aujourd'hui, Abdullah s'est installé à Erbil, en Irak. Plus de 200 000 Syriens vivent dans cette région du Kurdistan. Parmi eux, beaucoup veulent tenter le voyage vers un Vieux Continent bien peu hospitalier pour eux. "Ici, affirme-t-il, tout le monde se dit la même chose. Pourquoi le monde accueille les Ukrainiens, et pas nous ? On est des êtres humains comme eux."

Extrait d'une interview diffusée le 12 mai 2022 après "Frontières : des milliards, des ratés et des barbelés", un document de "Complément d'enquête".

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