Avant le débat sur l’immigration, le gouvernement a voulu informer les députés sur la situation migratoire du pays. Sauf que sur certains aspects, ce ne sont pas les statistiques officielles européennes qu’il a utilisées : le gouvernement en a préféré d’autres ! Mais que disent-elles ?C’est un document d’une trentaine de pages, que le gouvernement a distribué aux députés, et qui présente : “10 faits sur la situation migratoire”. En page 9, le gouvernement compare le taux d’acceptation des demandes d’asile, pays par pays. A lire le document, la France accorderait proportionnellement plus souvent l’asile que ses voisins allemands, espagnols et italiens. « Les chiffres du gouvernement sont erronés » Une statistique, non sourcée, qui a surpris Stella Dupont, une députée de la majorité, pourtant spécialiste des questions d’immigration : « je me suis questionnée effectivement sur ces données moi aussi, puisque ce ne sont pas les données d’Eurostat sur lesquelles j’ai l’habitude de m’appuyer ». « Il y a un souci, ça ne correspond pas à ce que j’ai en tête. » Ces chiffres, comme nos confrères de Libération, nous les avons cherchés sur Eurostat, l’organisme européen de référence. Et en effet, nous en avons trouvé de très différents : selon Eurostat en 2018, rien à voir : l’Italie n’a pas accordé l’asile à 12% des demandeurs, mais à 32%… Et l’Allemagne, à 42% : près du double des chiffres du gouvernement (22%), et loin devant la France. Pour Pierre Henry, le Directeur Général de France Terre d’Asile, les chiffres avancés par le gouvernement seraient tout simplement faux : « vous avez là un tableau qui vous montre que la France est la plus généreuse en Europe, sauf que ce n’est pas vrai ! Les chiffres sont erronés. » Conséquence : un député de la majorité, sous couvert d’anonymat, dit se sentir instrumentalisé. On a essayé de nous manipuler avec des chiffres qui ne sont pas bons, pour que ce soit encore plus alarmiste, et que ça force les députés à plutôt prendre des décisions très sécuritaires.Un député de la majoritéà France 2Contacté, le ministère de l’Intérieur maintient ses chiffres. Il explique l’écart avec les données d’Eurostat par la prise en compte de paramètres propres à chaque pays. Mais précise qu’une version actualisée du document sera bientôt établie.