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"Il y a un humanisme en France" : l'association Utopia mise sur l’hébergement citoyen pour sortir des migrants de la rue

L'association bretonne Utopia 56 a lancé, mercredi 3 mai, un réseau d'hébergement citoyen pour les réfugiés à travers tout le pays, encadré et accompagné. Les particuliers pourront signer une convention tripartite, en associant le migrant et l'association.

Article rédigé par franceinfo, Gaële Joly - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le réseau d’hébergement citoyen d’Utopia 56, association créée en novembre 2015 en Bretagne pour encadrer du bénévolat sur la jungle de Calais, a été lancé mercredi 3 mai, pour permettre à des réfugiés majeurs et des mineurs étrangers isolés de sortir de la rue. Image d'illustration. (UTOPIA 56)

L'association bretonne Utopia 56, très active auprès des exilés, a lancé mercredi 3 mai un réseau d'hébergement citoyen pour les réfugiés à travers tout le pays, encadré et accompagné. Les particuliers pourront signer une convention tripartite, en associant le migrant et l'association.

Le reportage de Gaële Joly

Boubakar est arrivé à Paris il y a deux mois. "J’étais un opposant politique, c’est ça qui m’a poussé à quitter le pays", raconte le jeune homme de 20 ans qui a fui la Guinée-Conakry. Après avoir passé un mois dans la rue, il a été recueilli dans une famille d'accueil. "Tu quittes l’enfer et tu rentres dans le paradis. Quand j’étais dans la rue, j’avais peur, j’avais la psychose", témoigne-t-il.

Les familles qui m’ont accueilli m’ont prouvé qu’il y a un humanisme en France, au-delà de tous ces clichés qu’on nous montre dans les médias ou dans certains milieux

Boubakar originaire de Guinée-Conakry

à franceinfo

Boubakar alterne aujourd'hui avec deux autres familles, une dizaine de jours à chaque fois et "appelle tout le monde à partager cette fraternité et à l’appliquer aussi"

Un "vrai engagement" citoyen 

Marion, elle, a accueilli chez elle pendant 10 jours deux jeunes Maliens, en pleine campagne, près de Quimper. "C’est un vrai engagement, c’est du temps, il faut faire les choses bien. C’est aussi parfois des jeunes qui sont traumatisés, qui ont vécu des choses très dures, autant dans leur pays que dans le voyage. Il y a tout cet aspect psychologique qui est aussi hyper important à prendre en compte, pour eux mais aussi pour nous parce que c‘est dur aussi d’entendre des jeunes qui nous racontent comment ça s’est passé en Lybie par exemple", prévient la jeune femme, qui pour autant ne regrette absolument pas son geste.

Pour nous, ça a été totalement naturel. Ils ont rencontré mes amis à Quimper, les amis de mon frère. Ça a été une super expérience de les avoir

Marion, hôte de migrants

à franceinfo

Un accompagnement pour l'hébergeur 

Avec ce nouveau réseau, "on essaye de mettre en place des conventions entre les hébergeurs et entre l’association, explique Justine qui travaille pour Utopia 56. C’est aussi pour rassurer l’hébergeur, pour qu’il ait toujours un contact, un lien avec l’association, ou quand il y a des questions au niveau des démarches administratives, de la vie quotidienne."

Reste à rassurer sur le délit de solidarité. "Là, il n’y a pas vraiment de risque d’être poursuivi. Après, les hébergeurs sont au courant de ce qui peut se passer", confie Justine. "Il y a déjà 40 personnes qui le font actuellement et il n’y a pas de poursuite judiciaire", nous assure-t-elle. Avec ce nouveau dispositif, l'association espère pouvoir sortir de la rue au moins dix mineurs et dix majeurs chaque mois.

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