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Projet de loi immigration : "L'allongement de la durée de rétention pose un vrai problème"

Le directeur de l'association France Terre d'Asile, Pierre Henry a estimé lundi sur franceinfo qu’il est "possible" de remplacer les centres de rétention par "un système d’assignation à résidence".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pierre Henry, le président de l'association France Terre d'Asile, le 2 mars 2011 à Paris. (MAXPPP)

La France doit "s'interroger sur le dispositif de rétention", a estimé Pierre Henry, le directeur de l'association France Terre d'Asile, lundi 16 avril sur franceinfo, alors que l'Assemblée nationale commence à examiner le projet de loi sur l'asile et l'immigration. Le texte controversé prévoit notamment l'allongement de la durée maximale de rétention pour les étrangers en attente d'expulsion et la réduction du délai d'appel pour les déboutés notamment.

franceinfo : Vous dénoncez notamment l'usage de la rétention pour les mineurs. Quels sont les chiffres?

Pierre Henry : Près de 300 mineurs ont été retenus en 2015 avec leur famille dans les centres de rétention. Nous pensons qu’il est possible de faire autrement, par exemple grâce un système d’assignation à résidence. Il faut aussi s'interroger sur le dispositif de rétention en lui-même. L’Allemagne a quatre fois moins de places de rétention que la France, et pourtant elle éloigne nettement plus que nous. L'allongement de la durée de rétention prévue par le projet de loi sur l'immigration pose un vrai problème, d'abord en matière d'efficacité. 90% des personnes placées en centre de rétention sont éloignées au bout de 12 jours. L’allongement des délais apparaît donc surtout comme une mesure punitive, inefficace et coûteuse.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb défend cette mesure en affirmant que sans placement en rétention, il y a un risque de fuite...

Il y a beaucoup de postures autour de la question de la rétention, qui n'est d'ailleurs pas le seul problème de ce projet de loi. Le texte ne réfléchit pas au système de premier accueil, ce qui fait qu’il y a des centaines de personnes, voire des milliers comme à Paris, qui restent à la rue. Par ailleurs, débattre du droit d’asile à l'Assemblée nationale, c’est important, mais le vrai sujet, ce sont surtout les instruments de solidarité européens qui sont en crise. Aujourd’hui, l’ensemble des pays d'Europe échoue à penser l’accueil, le traitement des personnes qui sont en errance, avec le règlement "Dublin", qui renvoie les demandeurs d’asile d’un pays à l’autre. Manifestement, la règle générale dans l’Union européenne, ce n’est pas la solidarité mais plutôt le jeu de la défiance généralisée entre les pays. Tant que nous n’aurons pas réglé la question de savoir quel pays prend en charge les demandeurs d’asile qui entrent sur le territoire et quel est le partage de la charge, nous verrons toujours des situations extrêmement tendues et des images inacceptables. Regardez dans quelle situation se retrouve l’Italie sur le plan politique. Elle est livrée au populisme tout simplement parce qu’il y a eu un défaut de solidarité sur le plan migratoire.

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