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Migrants : "Leurs vies sont menacées directement par les États membres" de l'Union européenne, accuse Lola Schulmann, d'Amnesty International

Lola Schulmann, chargée de plaidoyer "réfugiés et migrants" à Amnesty International, s'inquiète samedi sur franceinfo des violences subies par les personnes exilées à la frontière entre la Grèce et la Turquie.

Article rédigé par franceinfo
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décidé d'ouvrir ses frontières, laissant passer les réfugiés venus de Syrie, afin de faire pression sur l'Europe. (ARIS MESSINIS / AFP)

"Les États membres [de l'Union européenne], dont la Grèce, violent le droit international", accuse Lola Schulmann, chargée de plaidoyer "réfugiés et migrants" à Amnesty International, samedi 7 mars sur franceinfo. Elle s'inquiète des "violences [subies par les personnes exilées] à la frontière entre la Grèce et la Turquie", depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a décidé d'ouvrir ses frontières, laissant passer les réfugiés venus de Syrie, afin de faire pression sur l'Europe.

franceinfo : Quelle est la situation pour ces réfugiés ?

Lola Schulmann : La situation est terrible et ce qui est particulièrement inquiétant, c'est qu'on voit la manière dont l'Europe, du côté de la frontière entre la Grèce et la Turquie, empêche ces personnes de rejoindre le sol européen et d'avoir accès à une protection internationale. Alors même que ces personnes viennent de zones de conflits, dans des situations traumatiques. Il est essentiel aujourd'hui que les responsables et l'Europe prennent en charge ces personnes, qu'ils puissent atteindre le sol européen quand ils sont à la frontière. Et aujourd'hui, on demande aux responsables européens d'organiser l'accueil de ces personnes réfugiées, d'organiser le fait que ces personnes puissent atteindre le sol européen par des voies sûres et légales, et qu'elles ne soient pas dans une situation si catastrophique où leurs vies sont menacées directement par les États membres, lorsqu'on voit les violences qui se passent à la frontière entre la Grèce et la Turquie.

Les migrants sont encouragés à aller vers la Grèce où ils se massent à la frontière, mais sont contraints de refluer en raison de la violence des autorités grecques ?

Exactement, on est extrêment inquiets de ce qui se passe, on est inquiets également de la rhétorique des États membres européens lorsqu'ils passent de la nécessité de protéger les frontières européens. Mais là il n'est pas question de protéger les frontières, on parle de personnes, des individus qui fuient des conflits et qui ont besoin de protection internationale. La situation actuelle à la frontière est très inquiétante, puisque les États membres dont la Grèce violent le droit international, violent le droit d'asile. Aujourd'hui, la Grèce a décidé de suspendre le droit d'asile et de refouler l'ensemble des personnes qui souhaient entrer en Grèce vers la Turquie. Et c'est aujourd'hui à la fois la rhétorique et la violation des droits que nous condamnons fortement, de même que les violences. On est face à quelques milliers de personnes, il n'y a pas de crise et donc c'est important que les responsables européens prennent leurs responsabilités en n'employant pas le terme de crise puisque s'il y a une crise aujourd'hui, c'est une crise de l'accueil, et ce sont les États européens qui en sont responsables.

Quelles mesures doivent prendre les États membres ?

On demande des solutions pour organiser l'accueil de ces réfugiés et anticiper. Cette situation, on la connaît depuis des années. Et ce qui est inquiétant, c'est que tout d'un coup l'Europe ne voit la crise que quand ils atteignent ses frontières. Avant, ils étaient invisibles lorsqu'ils étaient entre la Turquie et la Syrie. Donc aujourd'hui, oui, l'Europe, la Commission et la France doivent apporter un soutien concret, pour se répartir, pour relocaliser justement ces personnes au sein de l'UE, faire en sorte qu'elles puissent déposer une demande d'asile, que cette demande puisse être traitée dans des conditions dignes et que l'Europe fasse preuve de solidarité et qu'il n'y ait pas des violences comme on peut le voir aujourd'hui à nos frontières.

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