Lampedusa : "Giorgia Meloni est victime de son nationalisme et de sa propagande", estime l'eurodéputé italien Sandro Gozi
"Giorgia Meloni est victime de son nationalisme et de sa propagande", estime samedi 16 septembre sur franceinfo Sandro Gozi, ancien ministre du gouvernement Renzi, député européen Renew Europe. 11 000 exilés ont débarqué sur l'île de Lampedusa depuis lundi 11 septembre.
La Première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni a demandé à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de venir constater la situation sur place. Elle souhaite également que la question migratoire soit à l'ordre du jour du sommet de l'Union européenne en octobre. "Maintenant, Giorgia Meloni invoque la solidarité européenne" alors qu'elle "a été la première à avoir voulu suspendre la coopération", dénonce Sandro Gozi. Il pointe "l'echec" de l'Italie car, selon lui "ce n'est pas celui de l'Europe".
franceinfo : La pression migratoire subie par l'Italie est "insoutenable". Ce sont les mots de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni. Êtes-vous d’accord avec elle ?
Sandro Gozi : C'est une crise sans précédent, c'est vrai. Il n'y a jamais eu, en quelques heures, en quelques jours, autant des migrants et de potentiels demandeurs d'asile arrivant sur l'île de Lampedusa. Lampedusa compte 6 000 habitants et aujourd'hui, elle se retrouve avec 7 000 migrants. Mais Giorgia Meloni est victime de ses contradictions et de sa propagande parce qu'elle a gagné les élections il y a un an, en promettant un blocus naval, en promettant quelque chose d’irréalisable : un mur dans la Méditerranée. Et depuis qu'elle est au gouvernement, les arrivées irrégulières en Italie ont doublé : 67 000 en septembre 2022, on est à 130 000 cette année. Donc je crois que Giorgia Meloni est victime de son nationalisme et de sa propagande.
Peut-on dire que Giogia Meloni a échoué sur l’immigration ?
C’est un échec, des promesses brisées et une politique à fuir. Maintenant, Giorgia Meloni invoque la solidarité européenne. Elle a été la première à avoir voulu suspendre la coopération, suspendre les règles. Elle ne croit pas à la relocalisation des migrants. C'est vrai que les autres pays, comme l'Allemagne, ont été très, très réticents et très lents dans la relocalisation des migrants qui arrivaient en Italie. Mais elle est en pleine contradiction parce que ce n'est pas un échec de l'Europe. La Commission européenne, le Parlement européen, la majorité des pays, à commencer par la France, veulent ce que les Italiens veulent, à savoir une politique européenne, une reprise de contrôle sur les flux migratoires qui ne peut qu'être européenne. Ceux qui jusqu'à maintenant ont empêché la solution européenne, ce sont les alliés de Meloni. Il y a deux jours, elle était à Budapest, chez Viktor Orbán. [Le Premier ministre hongrois] est celui qui, depuis longtemps, bloque une solution européenne. La Pologne est le premier pays à ne pas vouloir offrir une solidarité à l'Italie. Voilà pourquoi je parle de contradictions politiques et de la propagande. C’est flagrant. Moi, je suis tout à fait convaincu que la migration doit être gérée seulement à l'échelle européenne.
Il y a des discussions au niveau européen, ce qu'on appelle "le pacte asile immigration." Effectivement, les Italiens ne voulaient pas trop en entendre parler. Les discussions vont reprendre. Qu'est-ce qu'elles peuvent changer très concrètement ?
On pourrait tout d'abord commencer à véritablement gérer les frontières extérieures de façon commune, avec une responsabilité européenne. On pourrait optimiser les budgets, nos moyens avec les visas, avec les accords commerciaux, pour pousser les pays d'origine à véritablement coopérer avec nous, sur les flux migratoires, pour lutter contre les trafiquants des êtres humains. C'est possible, c'est dans le pacte asile et l'immigration. Il a été approuvé par le Parlement européen. En ce moment, on négocie entre députés européens et ministres et au Conseil des ministres. Et nous voulons aboutir avant les élections de 2024. Ce serait véritablement une grande avancée parce que, je le répète, si on continue avec le chacun pour soi sur l'immigration, ce sera des problèmes de plus en plus gros pour tout le monde. En ce moment, on perd tous, faute de politiques et des règles efficaces pour tout le monde.
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