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Témoignage Guerre en Ukraine : "Les officiers ont quitté la ville, à la place, on voit des fraîchement mobilisés", témoigne un habitant de Kherson

Que se passe-t-il à Kherson, au sud de l'Ukraine, dans cette ville occupée par les Russes depuis le début de l’invasion et que Kiev est en train de reprendre ? Depuis que Moscou a coupé Internet, aucune information ne fuite. Nos reporters ont réussi à joindre un habitant.

Article rédigé par franceinfo - Gaële Joly et Anna Ognyanyck
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une statue endommagée par les bombes, près de Kherson en Ukraine, le 31 octobre 2022. (BULENT KILIC / AFP)

Vitaly ne parle pas fort car les Russes peuvent faire irruption à tout moment mais il veut montrer sa détermination malgré huit mois passés sous occupation dans la ville de Kherson, au sud de l’Ukraine. "Oui, j’attends la libération tout comme la plupart de gens qui restent dans la ville maintenant, confirme-il. Je ne me cache pas, mais j’essaie de ne pas sortir dans la rue, sauf si c’est nécessaire".  

Les Russes ont coupé internet, isolant les habitants du reste du monde. Vitaly ne sort que pour faire quelques courses. Pas facile car les prix ont flambé et il reste seulement trois pharmacie ouvertes dans toute la ville. "Je n’ai pas peur, mais j’ai au fond de moi une sorte de сrainte. Dès que tu mets un pied dehors, tu ne sais pas ce qu’il peut t’arriver".   

"Si tu dis quelque chose de travers, si tu regardes de travers, ils peuvent t'envoyer dans les sous-sols."

Vitaly, un habitant de Kherson

à franceinfo

Les sous-sols, Vitaly les connaît malheureusement bien. C'est là qu'il a été tabassé pendant plusieurs heures. Depuis chez lui, il entend les hauts parleurs qui leur intiment l’ordre de partir et au loin les bruits des tirs de l’artillerie. "Je ne crois pas qu’il y aura de frappe nucléaire. C’est plutôt une sorte d’intimidation, se rassure Vitaly. Je ne pense pas non plus qu’ils vont faire sauter le barrage de Kakhovska. Je crois c’est plutôt pour faire pression sur la population, et sur le gouvernement".

>> REPORTAGE. "Nous ne pouvons pas pilonner la ville, il reste beaucoup d'Ukrainiens à l'intérieur" : à Kherson, la contre-offensive de l'armée ukrainienne ralentit

Vitaly a remarqué qu'"il y a moins de militaires dans la ville". Il a également observé "que le contingent a changé. Les officiers ont quitté la ville, raconte-t-il. À son avis, "ils sont partis sur la rive gauche du Dniepr. À la place, on voit des fraîchement mobilisés. Ça se voit à leur façon de se comporter, à leur vêtement". Vitaly décrit enfin une ville saccagée. Les Russes ont même pillé les fenêtres de la mairie et tout le mobilier de bureau.

Le rare témoignage d'un habitant de Kherson, joint par Gaële Joly et Anna Ognyanyck, malgré le black-out imposé par les Russes dans la ville occupée.

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