: Témoignage Guerre en Ukraine : "Il voulait devenir médecin", à Boutcha, la douleur d'une grand-mère venue chercher le certificat de décès de son petit-fils
Nos reporters ont rencontré Havlyna, qui s'est rendue à Boutcha, en Ukraine, pour demander le certificat de décès de son petit-fils, Vania, tué par l'armée russe. Il avait 15 ans.
La douleur des familles de Boutcha en Ukraine est vive. Dans la morgue de la ville suppliciée, les corps continuent à arriver. 400 d'entre eux ont été retrouvés depuis que l'armée russe s'est retirée de la région fin mars. Tous les jours, des familles apportent des cercueils vides pour récupérer le corps de leur défunt, ou viennent chercher des certificats de décès.
C'est le cas d'Havlyna. Sur son portable, elle nous montre une vidéo. On y voit une famille réunie, une fête, un gâteau, un adolescent souriant. C’était en janvier pour l'anniversaire de Vania. C'était le petit-fils d'Havlyna, il avait 15 ans. "Il fuyait en voiture avec sa mère et sa petite-soeur, raconte la grand-mère endeuillée. Les Russes leur ont tiré dessus. Ils sont sortis. Vania leur a crié : 'Courez, je vous rattrape.' Sa mère a tourné la tête et elle a vu son fils s’effondrer dans un champ. Son corps est resté là quatre jours. Les russes avaient pris sa veste et ses baskets." C’est un voisin qui a récupéré le corps et l’a enterré dans le jardin. Il y est resté deux semaines avant d’être exhumé.
"Un garçon fort avec des cheveux bouclés"
Havlyna se souvient : "Il aimait se promener avec sa sœur. Il voulait devenir médecin... Il faisait du judo, de l’informatique. Il était aussi un peu paresseux, très gentil aussi, très bon. Il faisait 1m90, chaussait du 44. Un garçon fort avec des cheveux bouclés." À la morgue de Boutcha, elle vient juste de récupérer le certificat de décès de son petit-fils. Elle a préparé les affaires pour son enterrement : "Un pantalon, une chemise, un costume. Mais sa mère m’a dit que Vania n’aimait pas les costumes. Il faut que j’achète des chaussures aussi, parce qu'on a dû couper celles qu’on lui a mises quand on l’a enterré dans le jardin : elles étaient trop serrées pour ses pieds gonflés."
Sa petite-sœur de 9 ans qu’il adorait s'est exilée en Allemagne à cause de la guerre et ne sera pas là. "Sur les photos que je reçois, ma petite-fille ne sourit plus", raconte Havlyna avec tristesse. Puis le regard de la grand-mère se remplit de larmes et elle ajoute: "Elle sait que son frère est mort mais ne l’accepte pas. Elle attend que Vania l’appelle ..." L'adolescent sera enterré mardi 26 avril au cimetière de Boutcha.
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