Sommet européen : "Si on veut aider les Ukrainiens, il faut accélérer" la production de munitions, explique Josep Borrell, le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères
"Si on veut aider les Ukrainiens, il faut accélérer", a expliqué vendredi 24 mars sur franceinfo Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité alors que les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept sont réunis à Bruxelles depuis jeudi 23 mars pour un sommet en partie consacré à la guerre en Ukraine. Ils se sont mis d’accord pour l’envoi à Kiev d’un million d'obus d'artillerie étalés sur un an. Josep Borrell propose une enveloppe supplémentaire de l'ordre de 2 milliards d'euros. "C'est une guerre qui a changé de nature, qui consomme beaucoup plus de munitions", a-t-il justifié.
franceinfo : Cette aide supplémentaire est une façon de marquer encore plus fort votre soutien à l'Ukraine ?
Josep Borrell : On a fourni de l'artillerie et des canons à l'Ukraine. Mais si on fournit des canons, il faudra quand même fournir des munitions. Sinon à quoi ça sert ? Depuis le début de la guerre, on fournit des munitions d'artillerie. Il n'y a rien de nouveau. Seulement, c'est la quantité et le rythme qui comptent. La guerre maintenant est devenue une guerre de position, un duel d'artillerie. L'artillerie russe effectue aux alentours de 20 000 tirs de canon par jour sur la ligne de front. C'est une guerre qui a changé de nature, qui consomme beaucoup plus de munitions. Si on veut aider les Ukrainiens, il faut accélérer. C'est aussi simple que ça. Les Ukrainiens sont bombardés tous les jours avec des drones et avec de l'artillerie lourde, ils ont besoin de se défendre.
Les pays européens ont-ils assez de munitions ?
Josep Borrell : Il faut accélérer la production. On va travailler sur trois piliers. D'abord, chercher ce que nous avons dans les stocks militaires des armées européennes et deuxièmement, faire des commandes à l'industrie d'une façon coordonnée et commune, de façon à agréger toutes les demandes à la fois pour les armées européennes et pour l'armée ukrainienne. Et le troisième pilier, c'est d'augmenter la capacité industrielle européenne. Aujourd'hui, en Europe, on produit quatre fois moins de munitions par rapport à il y a 20 ans. C'est normal, depuis 20 ans, l'Europe s'était installée dans une ambiance de paix. Mais maintenant, malheureusement, il y a une guerre.
La Pologne fournit des avions de chasse à l'Ukraine. D'autres pays européens vont le faire ?
Josep Borrell : La Slovaquie a annoncé qu'elle allait aussi fournir des avions de l'époque soviétique. Les pays occidentaux qui ne faisaient pas partie du Pacte de Varsovie n'ont pas ces avions de chasse. Mais les pays de l'Est ont gardé dans leurs armées des avions qui viennent de l'époque soviétique. D'abord la Pologne, ensuite la Slovaquie, j'imagine qu'il y a en aura d'autres qui vont fournir ces avions de chasse à l'Ukraine. Ils le font de très bon gré. Je trouve ça logique.
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