: Reportage "On vit, on profite", même si "tous les combats laissent une trace" : à Sloviansk, des soldats ukrainiens en pause pour quelques heures sur la plage
Une plage au bord d'un lac, des vendeurs de glace... Et les bruits des bombes loin derrière. Les permissions sont les bienvenues pour les soldats ukrainiens, qui profitent de quelques heures de répit à "La Petite Cuba" à Sloviansk, dans l'est de l'Ukraine.
Allongé sur son transat, Dmitri est déjà rouge de coups de soleil, il savoure sa deuxième et dernière journée de permission : " On vit, on profite ! On a récupéré des colis, on est allé au sauna...". Il a surtout retrouvé le goût des bonnes choses, les patates au four, les escalopes, "le bortsch, la salade…, mais la journée passe tellement vite que tu n'as pas assez de temps pour tout faire". Dans ce décor, une seule chose lui manque, " la victoire !".
Le lac et ses airs de station balnéaire ne sont qu’une parenthèse. La nouvelle vie de Dmitri, engagé volontaire, c’est celle qui se passe sur le front : "Survivre, c'est la première chose pour nous là-bas, parce que l'on est pile sur la ligne zéro. Les Russes sont à 380 mètres de nous, pour être précis".
Entre deux familles qui ont étalé leurs serviettes et sorti les bouées, un autre soldat médaille militaire autour du cou, grand tatouage sur la poitrine. " Tous les combats laissent une trace, confie Viktor, je pense que c’est impossible d’effacer ça en deux jours". Même au bord du lac, il est difficile de se sentir insouciant : "Physiquement, c’est très dur, mais je dirais que c’est plutôt moralement que c’est le plus difficile".
"Les gars n'en peuvent plus, ils sont crevés", appuie Andrei. Pour lui, cette guerre qui n'en finit pas abîme les hommes : "Il faut les remplacer. C’est très dur pour ceux qui sont au front depuis le début". Il estime que ces permissions sont trop courtes et trop rares. "Chacun a sa famille qui l’attend, chacun a envie de la voir. Certains ne l’ont pas vue depuis six mois, ça dépend si tu es dans les petits papiers du commandement", déplore-t-il.
Un militaire s’approche alors pour lui demander d’arrêter de parler aux journalistes. Andreï remet ses lunettes de soleil et se rallonge, son treillis soigneusement plié sur le sable. Dans quelques heures, il retourne à la guerre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.