Reportage "On ne sait pas sur qui on peut tomber" : dans la région de Soumy, près de la frontière russe, des Ukrainiens vivent dans la peur des saboteurs

Dans les zones frontalières avec la Russie, les habitants doivent vivre avec les bombardements réguliers. Mais ce qu'ils craignent surtout, c'est le retour des saboteurs russes.
Article rédigé par Vanessa Descouraux, Jérémy Tuil - Yachar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des habitations détruites par une frappe aérienne, à Soumy, dans le sud-est de l'Ukraine, le 9 septembre 2023. (HANDOUT / NATIONAL POLICE OF UKRAINE)

En Ukraine, les autorités ont fait évacuer des villages de la zone frontalière avec la Russie. Dans la région de Soumy, les pilonnages et bombardements sont réguliers, mais ce qui inquiète le plus les habitants, c’est le retour des saboteurs qui traversent la frontière pour semer la terreur dans ces territoires frontaliers.

La voiture est immatriculée à Kiev à plus de 500 kilomètres de là, criblée de balles : une dizaine sur le pare-brise, au moins le double côté passager. Aucune chance n'a été donnée aux deux occupants. À l'épicerie du village de Pysarivka, à moins de 10 kilomètres de la frontière avec les Russes, Galina est déjà au courant qu'un homme et une femme, frère et sœur, ont été abattus trois heures plus tôt par des saboteurs à quatre kilomètres de son commerce. De quoi la maintenir dans un état de peur devenu permanent pour elle. "Ça fait peur, très peur, lâche-t-elle. Parce que tu marches dans la rue et tu ne sais pas qui marche en face : nos militaires ou des saboteurs, ou encore quelqu'un d'autre. On ne sait pas sur qui on peut tomber. Ils peuvent tout aussi bien rentrer dans notre cour et nous tirer dessus."

"Ce ne sont pas des promeneurs en forêt"

Un groupe de militaires entre dans l'épicerie. L'un achète de l'antiseptique, les autres de quoi manger. Ce soldat nous confirme l'action menée le matin même. Sergueï, le patron de l'épicerie, avoue avoir peur des saboteurs, comme tout le monde. Mais pour saboter, dit-il, il faut souvent être très bien informé. "C'est quoi le mieux ? Rentrer dans le village et s'entendre avec un habitant au niveau de vie modeste pour qu'il leur fournissent des informations ou faire un sale coup comme ça, rapidement ? Je pense que c'est mieux d'avoir d'abord l'info pour viser des cibles plus précises."

"C'est encore plus inquiétant quand tu sais qu'il y a des informateurs par ici."

Sergueï, commerçant

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C'est une unité spéciale des forces russes qui fait ces incursions sur le sol ukrainien : le groupe de diversion et de renseignement. "Ce sont des gens spécialement formés, ce ne sont pas des promeneurs en forêt, explique Roman Tkatch, le porte-parole des gardes-frontières de Soumy. Ils sont préparés sur le plan physique et suivent des entraînements spécifiques pour plein d'autres compétences. Leur objectif, c'est de s'infiltrer, se dissimuler, accomplir leurs tâches sans être vus et retourner chez eux."

Ces dernières semaines des saboteurs ont aussi capturé des soldats ukrainiens. Le début de l'enquête a même montré qu'ils avaient passé deux jours, tels des fantômes, cachés dans une maison du village.

Dans la région de Soumy, près de la frontière russe, des Ukrainiens vivent dans la peur des saboteurs. Le reportage de Vanessa Descouraux

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