Reportage Guerre en Ukraine : le canon Caesar, "game changer" pour les forces ukrainiennes, testé dans un camp d'entraînement de la Marne

Face à la Russie, les canons français Caesar permettent à l'Ukraine de tenir bon dans l'intense bataille d'artillerie. Une "coalition artillerie" des pays soutien à l'Ukraine, dirigée conjointement par la France et les États-Unis, doit permettre d'envoyer davantage de canons sur le front et de renverser le rapport de force.
Article rédigé par Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des militaires autour d'un canon Caesar, le 2 mai 2023 à Suippes (Marne). (FREDERIC PETRY / HANS LUCAS)

L'essentiel de la guerre en Ukraine, ce sont des duels d'artillerie. Sur les lignes de front, des milliers d'obus sont tirés tous les jours et, en la matière, il y a un net avantage pour l'artillerie russe, qui dispose d'un stock de munitions bien plus fourni. Pour contrer cet avantage, 20 pays soutiens de l'Ukraine ont décidé de monter une "coalition artillerie", dirigée par la France et les États-Unis. L'objectif n'est pas d'augmenter les livraisons de munitions vers Kiev, mais plutôt de livrer des canons plus performants que ceux des Russes, comme le Caesar français.

Il est 21h dans le camp d'entraînement de Suippes, dans la Marne. En pleine nuit, les trois Caesar sont en place et chacun des chefs de pièces vient de recevoir les coordonnées de tir qu'une escouade d'observateurs, aux prises avec un ennemi fictif à environ six kilomètres de leur position, leur transmet. Les pièces sont ajustées et l'ordre tombe : "Section... tirez !" Les trois Caesar font feu en même temps. Douze obus en tout qui mettront une minute pour atteindre leur cible, explique le maréchal des logis Jérémy, chef de l'une des trois pièces, à l'écoute des impacts.

Le Caesar, un "matériel très performant"

Le Caesar est l'un des canons sophistiqués que la "coalition artillerie" compte fournir à l'Ukraine. Un choix logique, estime le colonel Romain Cassan qui commande le 68e Régiment d'artillerie d'Afrique, en exercice ce soir-là à Suippes. "On n'a pas eu de retours sur la façon dont les Ukrainiens l'utilisent, observe-t-il. Mais ce que démontrent les faits, c'est que, puisque le Caesar est de nouveau demandé par les Ukrainiens, c'est localement un 'game changer'. Le Caesar a été engagé, sur les 15 dernières années, à chaque fois dans des conditions opérationnelles très différentes. Donc je ne suis pas surpris que dans une configuration encore différente, comme en Ukraine, ce soit un matériel très performant."

72 Caesar sont promis à l'Ukraine, en plus de la trentaine déjà à l'œuvre sur le terrain, aux côtés des quelque 200 canons américains, tous au standard OTAN. C'est ce qui pourrait rétablir l'équilibre d'un rapport de force pour le moment nettement en faveur des Russes, remarque le général Jean-Michel Guilloton, qui, pour la France, supervise la "coalition artillerie" des soutiens à l'Ukraine.

"Quantitativement, la balance penche du côté russe, avec un ratio d'un contre six quand on parle d'obus."

Jean-Michel Guilloton, général de division

à franceinfo

"Après, il faut regarder l'aspect qualitatif, poursuit le général, et il est certain qu'une artillerie moderne au standard OTAN qui porte plus loin, qui est plus précise, permet d'optimiser l'emploi et donc de rattraper ce rapport de force défavorable aux forces armées ukrainiennes", précise le général de division.

La Pologne a également envoyé une cinquantaine de pièces d'artillerie au standard OTAN et l'Ukraine s'est mise aussi à produire de telles pièces : le Bodhana ukrainien, de 155 mm, 40 kilomètres de portée, est le frère jumeau du Caesar français.

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