: Reportage Guerre en Ukraine : dans le Donbass, l'épuisement de la population et une certaine nostalgie de l'époque soviétique
En Ukraine, des civils ont encore été tués mercredi 7 décembre dans le Donbass, par des frappes russes. Vladimir Poutine estime que ces combats pourraient durer encore "longtemps".
Même dans les villages libérés du Donbass, les civils ukrainiens sont loin d’en avoir fini avec la guerre. Au point que certains regrettent le temps de l’URSS. Près de Sloviansk, une fumée noire s’élève au cœur du village de Yampil. " Ils viennent de frapper le centre-ville" expliquent ces habitants, en pressant le pas. Un pick-up s’arrête, la vitre se baisse : " On cherche les blessés !" Un peu plus loin, une femme hurle. Elle est affolée, son mari vient de partir pour l'hôpital : un éclat d'obus l'a touché. Dans la cour de sa maison, Raïssa nous montre les taches de sang, qui s'étalent sur plusieurs mètres. " Il est rentré chez nous, et il m’a dit : c’est fini Raïssa ! C’est fini pour moi !", se désespère-t-elle, en larmes.
Tous deux venaient de rentrer à Yampil. Leur village a été libéré il y a deux mois. Depuis, Raïssa est convaincue que sa voisine travaille avec les Russes pour les aider à ajuster leurs frappes. Les tirs ne se sont jamais arrêté, confirment des militaires. " C'est tout le temps. Et là-bas, expliquent-ils en montrant la forêt, juste un peu plus loin , c’est la guerre".
Des civils épuisés par la guerre deviennent nostalgiques de l'époque soviétique
Michko, 59 ans, lui a sorti son vieux vélo pour aller chercher du pain. Tant pis pour les frappes. Sa maison de toute façon est détruite. Il habite depuis chez son voisin. " Vous savez quel est mon rêve ?, interroge-t-il. Le silence… et la paix. Je suis né en Union soviétique, et je veux vivre en URSS, paisiblement. Comme avant ! Je ne sais plus qui se bat et pour quoi. À quoi ça sert tout ça ?", se demande Michko.
Dans la rue, personne ne s’attarde. Le son de la guerre est partout. On l’entend encore à l’intérieur de l’épicerie, la seule du village, où des soldats viennent par dizaines améliorer leur ration, souvent un peu de saucisson. Tatiana a 63 ans, elle s’est offert des bonbons. " C’est pour moi, je vis toute seule", confie-t-elle avec un léger sourire. Elle dit que l’occupation a été difficile. " Mais maintenant c’est pire. On ne sait pas ce qui peut arriver et c’est cette incertitude qui fait peur".
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