: Reportage Guerre en Ukraine : "En une journée, avec des morts et des blessés, on peut avancer de 400 mètres", des soldats blessés témoignent de la violence de la contre-offensive
"Qu’est-ce que t’as ? Raconte-moi..." Allongé sur son brancard de fortune, le soldat tremble de tout son corps, en état de choc. "J’ai très mal à la tête", explique le soldat. "T’as d’autres blessures ?", demande le médecin. Quelques minutes plus tôt, un missile a fait sauter son blindé.
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La contre-offensive ukrainienne se poursuit pour récupérer les territoires occupés, mais dans l’est les forces de Kiev ont parfois des difficultés à empêcher les Russes d’avancer. Dans un poste médical avancé, dans la région de Donetsk, des soldats blessés arrivent du front pour les premiers soins d’urgence avant d’être évacués vers des structures plus adaptées. Nous assistons alors à la prise en charge d'un soldat blessé :
-"L’hémorragie du nez, c’est à cause de l’explosion ?", essaye de savoir le médecin.
- "Peut-être", répond le soldat.
- "T’as vomi ?"
- "Oui."
- "Combien de fois ?"
-"Je ne sais pas, les gars..."
- "On lui met une intraveineuse ?", interroge un deuxième médecin.
"C’est ça, la vérité de la guerre"
Dmitri, lui, était dans le blindé suivant qui n’a pas été touché, mais qui a dû faire demi-tour sous le feu ennemi : "Avec le conducteur, c’est la troisième fois en un mois et demi qu’on tombe dans un truc comme ça." La contre-offensive est souvent compliquée, confie-t-il : "C’est très dur, ils nous attendent", raconte Dmitri. Cette fois, pourtant, les fantassins s’en sortent bien.
Saïd, depuis plusieurs mois au poste médical, a vu bien pire : "On a eu une blessure du crâne tellement grave que le cerveau débordait ou des perforations abdominales avec les intestins qui sortaient… Voilà des blessures choquantes."
Assis sur un banc, Youra attend qu’un brancard se libère. La tête entre les mains, il se repasse le film de son combat quotidien contre les Russes. "En une journée, avec des morts et des blessés, en faisant plusieurs essais, on peut avancer de 300 à 400 mètres", explique Youra.
"Parfois, ils se barrent, mais ils minent tout derrière eux. Notre unité n'est pas nombreuse, on est 18. En deux jours, on a eu deux morts et trois blessés."
Youra, soldat ukrainienà franceinfo
Un bilan terrible, mais inévitable, explique Saïd le soignant : "Si on veut gagner et libérer nos territoires, oui, il y aura des blessés, oui, il y aura des morts. C’est ça, la vérité de la guerre ! Mais si on ne résiste pas, ils vont continuer à exterminer méthodiquement les civils." En moins d’une demi-heure, les blessés sont pris en charge et évacués. Les soldats valides remontent dans leur blindé et repartent au front.
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