Missile tombé sur la Pologne : Volodymyr Zelensky "a perdu une occasion de se taire" pour le général Michel Yakovleff
L'officier général de l'armée de terre française, Michel Yakovleff, ne comprend pas pourquoi le président ukrainien "s'est précipité" d'affirmer que le missile tombé en Pologne était russe.
Pour le général Michel Yakovleff, officier général de l'armée de terre française, ancien vice-chef d'Etat-major de Shape, le commandement suprême interallié pour les opérations de l'Otan, le président ukrainien "a perdu une occasion de se taire". Des propos en réaction à la position de Volodymyr Zelensky qui contredit l'Otan et Washington après qu'un missile s'est écrasé mardi 15 novembre en Pologne. Alors que les alliés accréditent plutôt la thèse d'un missile de défense ukrainien, Volodymyr Zelensky affirme qu'il s'agit d'un engin russe.
"Volodymyr Zelensky se complique la vie", poursuit le général. "Il a un capital de sympathie mais je ne vois pas pourquoi il s'est précipité. C'est gênant pour lui vis-à-vis de l'Otan et ça ouvre un vrai boulevard à la propagande russe", explique-t-il.
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Selon lui, le fait que Volodymyr Zelensky veuille envoyer des experts en Pologne est une erreur : "Il peut envoyer tous les experts qu'il veut, ça ne changera rien. La matérialité des faits ne sera pas discutable". Il détaille ensuite le déroulé de l'expertise qui va vérifier les débris trouvés sur le sol : "Les experts vont venir voir le cratère et les débris trouvés dans le sol et puis les pistes radars des avions de l'Otan notamment américains qui vont remonter la séquence de ce missile en particulier." Selon lui, la demande du président ukrainien est malvenue : "Ce n'est pas le moment de faire cette demande. Elle ne sert à rien et ça énerve pour pas grand-chose. Il est très sympathique et aimé mais là il pousse un peu fort", estime le général.
L'Otan "ne fera pas la guerre par accident"
Concernant la position de l'Otan, Michel Yakovleff estime que l'Organisation "a été exemplaire dans sa mesure et dans son sang-froid". "L'Otan fera la guerre si nécessaire mais elle ne fera pas la guerre par accident et encore moins par caprice", ajoute-t-il. Selon lui, il y a un processus à respecter : "Il faut d'abord lever le doute, on commence par ça après on peut débattre des intentions. Donc oui, l'Otan est en alerte mais ce n'est pas pour ça qu'on va franchir des lignes qui, en l'occurrence, n'ont pas lieu d'être".
Et le général de préciser : "Il y a un processus décisionnel qui est très normé. C'est en fait une itération entre le politique et le militaire. Le politique va commencer par définir ses objectifs, le militaire va lui dire quel genre d'options est envisageable pour remplir ses objectifs. Le politique s'exprime à nouveau puis donne ses ordres et à la fin et s'il le faut, on déclenchera une opération". Pour Michel Yakovleff ce n'est qu'à ce prix que l'Otan est crédible : "L'Otan est une réelle garantie de sérieux. C'est l'adulte dans la maison de fous, à l'heure actuelle", conclut-il.
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