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La Russie s'attaque à Meduza, le plus grand média indépendant russophone, déclaré "indésirable" et menacé de sanctions pénales

Les collaborateurs du site, qui est installé depuis 2014 en Lettonie, encourent des sanctions pénales, tout comme ceux qui coopèrent avec lui, d'une manière ou d'une autre.
Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le site Meduza a annoncé qu'il avait été désigné "organisation indésirable" par le bureau du procureur général russe, jeudi 26 janvier 2023. (MEDUZA)

Un nouveau pas dans la censure en Russie. Le site Meduza, plus grand média indépendant russophone, a été désigné "organisation indésirable" par le bureau du procureur général russe, jeudi 26 janvier. Dans un bref communiqué (en russe), il est reproché au site de menacer "l'ordre constitutionnel et de la sécurité" de la Russie.

Les collaborateurs, ainsi que quiconque a coopéré avec le média d'une manière ou d'une autre, encourent des sanctions pénales. Il est également interdit de diffuser ou de partager ses contenus, sous peine d'amende. Cette annonce contraint les Russes à faire le ménage sur leurs réseaux sociaux, de toute urgence.

Le site Meduza, par sa rigueur journalistique, est l'un des sites en langue russe de référence. ll couvre largement l'actualité de la guerre en Ukraine, avec des enquêtes et un direct quotidien. Le média est installé depuis 2014 à Riga, capitale de la Lettonie. Depuis le début du conflit, d'autres médias indépendants russes ont fui leur pays.

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En vertu d'une loi adoptée en 2015, le parquet général se réserve le droit d'attribuer le statut d'"organisation indésirable" à toute organisation internationale ou étrangère, sans qu'une décision de justice ne soit nécessaire. Cette mesure est ensuite transmise au ministère des Affaires étrangères russe pour une approbation formelle. Meduza est le quatrième média à faire l'objet d'une telle procédure, après Proekt, Important Stories et The Insider. La participation à des activités de médias déclarés "indésirables" est passible d'une peine allant jusqu'à 4 ans de prison pour les journalistes et jusqu'à 6 ans de prison pour ses organisateurs, précise l'AFP.

Déjà déclaré "agent de l'étranger" en 2021

Le média n'a pas encore commenté cette décision. La PDG et éditrice de Meduza, Galina Timchenko, a simplement précisé à la version russe de la BBC (en russe) qu'elle se trouvait en réunion avec le rédacteur en chef, et qu'elle livrerait ultérieurement une réaction. Le média avait déjà été déclaré "agent de l'étranger" en avril 2021, et devait en faire mention dans chacune de ses publications. Cette mesure avait également entraîné le départ de nombreux annonceurs privés. Meduza comptait depuis sur le financement participatif pour poursuivre son aventure.

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L'annonce du procureur général russe suscite de nombreuses réactions, au sein des médias indépendants russophones. "Nous pensons qu'en agissant ainsi, les autorités russes se dirigent vers l'isolement complet des citoyens du pays de toute information indépendante sur la guerre et ses conséquences pour la société russe", a notamment écrit la rédaction de Novaïa Gazeta Europe (en russe), dans une lettre de soutien.

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