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Guerre en Ukraine : les habitants de Kiev tentent d'écarter "fatigue et irritation" après une nouvelle nuit de bombardements

Après deux mois de nette accalmie, le mois de mai signe le retour des alertes antiaériennes à Kiev. Huit en quinze jours, selon le décompte officiel. Plus d'un an après le début de la guerre, les habitants de la capitale ukrainienne, certes fatigués, ne vont pourtant plus toujours se réfugier dans les abris.
Article rédigé par Maurine Mercier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Au début de la guerre en Ukraine, Anabell (derrière la table) avait abrité des voisins dans un petit théâtre en sous-sol (16 mai 2023). (MAURINE MERCIER / FRANCE INFO)

La nuit du lundi 15 au mardi 16 mai, a été éprouvante pour les habitants de Kiev, parmi les plus difficiles depuis le début de la guerre, en février 2022. Quelque 18 missiles et des drones russes ont été lancés quasiment simultanément sur la capitale ukrainienne. 

Dans sa petite échoppe, Alex continue de préparer ses cafés au lait, même en cas d’alerte aérienne. "Quand il y a des attaques de missiles vraiment importantes avec des explosions à proximité, oui, je vois des gens courir, se réfugier dans les abris. Mais moi non, je n'y vais pas." Annabel, elle aussi la trentaine, rit presque gênée. Elle non plus ne va plus s'abriter.

Des habitants de Kiev devant le "Friendly Coffee" tenu par Alex, le 16 mai 2023. (MAURINE MERCIER  / FRANCE INFO)

Ne pas "s'user" psychologiquement

Au début de la guerre, elle avait organisé un abri en sous-sol. Tous les gens du quartier venaient s’y réfugier. Aujourd’hui, lorsque les explosions retentissent, comme tous ses voisins, elle reste chez elle pour ne pas "s’user". Elle s'explique : "Ça me prend généralement du temps pour parvenir à me rendormir à cause de toute cette décharge d’adrénaline dans le corps. Après les explosions, ensuite, je ressens une sorte de fatigue. Je me sens irritée aussi ..."

Lors de ces explosions, la jeune femme "tente de se concentrer sur autre chose parce que, très vite, cet état de fatigue et d'irritation, peut te faire rentrer dans une sorte de tristesse". Une tristesse, poursuit-elle, "qui peut te conduire dans une sorte d’état dépressif... Donc, j’essaie de faire en sorte que ces sentiments n’aient pas d’emprise sur moi". 

Anabell, une habitante de Kiev qui a abrité ses voisins dans un théâtre en sous-sol au début de la guerre en Ukraine (16 mai 2023). (MAURINE MERCIER / FRANCE INFO)

Achille, délégué pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), est à Kiev depuis plusieurs mois. Cet humanitaire est lui aussi habitué aux explosions, mais cette nuit, il n'en a pas compté une ou deux, mais une vingtaine. "Je vais descendre à l’abri le plus proche", dit-il d'un ton las. 

"Franchement, je n'en peux plus. Psychologiquement, j'ai prix un petit coup."

Achille, humanitaire à Kiev

franceinfo

Mais "heureusement", ajoute-t-il, " je vais retrouver une collègue qui habite à côté. Nous irons à l'abri ensemble". La plupart du temps, la défense antiaérienne parvient à intercepter les drones et missiles russes. Mais les débris de ces engins peuvent causer des dommages en retombant au sol. L’objectif de la Russie : fatiguer les systèmes de défense anti-aérienne de l'Ukraine pour que ses missiles atteignent à nouveau leurs cibles.

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