Guerre en Ukraine : les habitants de Kiev tentent d'écarter "fatigue et irritation" après une nouvelle nuit de bombardements
La nuit du lundi 15 au mardi 16 mai, a été éprouvante pour les habitants de Kiev, parmi les plus difficiles depuis le début de la guerre, en février 2022. Quelque 18 missiles et des drones russes ont été lancés quasiment simultanément sur la capitale ukrainienne.
Dans sa petite échoppe, Alex continue de préparer ses cafés au lait, même en cas d’alerte aérienne. "Quand il y a des attaques de missiles vraiment importantes avec des explosions à proximité, oui, je vois des gens courir, se réfugier dans les abris. Mais moi non, je n'y vais pas." Annabel, elle aussi la trentaine, rit presque gênée. Elle non plus ne va plus s'abriter.
Ne pas "s'user" psychologiquement
Au début de la guerre, elle avait organisé un abri en sous-sol. Tous les gens du quartier venaient s’y réfugier. Aujourd’hui, lorsque les explosions retentissent, comme tous ses voisins, elle reste chez elle pour ne pas "s’user". Elle s'explique : "Ça me prend généralement du temps pour parvenir à me rendormir à cause de toute cette décharge d’adrénaline dans le corps. Après les explosions, ensuite, je ressens une sorte de fatigue. Je me sens irritée aussi ..."
Lors de ces explosions, la jeune femme "tente de se concentrer sur autre chose parce que, très vite, cet état de fatigue et d'irritation, peut te faire rentrer dans une sorte de tristesse". Une tristesse, poursuit-elle, "qui peut te conduire dans une sorte d’état dépressif... Donc, j’essaie de faire en sorte que ces sentiments n’aient pas d’emprise sur moi".
Achille, délégué pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), est à Kiev depuis plusieurs mois. Cet humanitaire est lui aussi habitué aux explosions, mais cette nuit, il n'en a pas compté une ou deux, mais une vingtaine. "Je vais descendre à l’abri le plus proche", dit-il d'un ton las.
"Franchement, je n'en peux plus. Psychologiquement, j'ai prix un petit coup."
Achille, humanitaire à Kievfranceinfo
Mais "heureusement", ajoute-t-il, " je vais retrouver une collègue qui habite à côté. Nous irons à l'abri ensemble". La plupart du temps, la défense antiaérienne parvient à intercepter les drones et missiles russes. Mais les débris de ces engins peuvent causer des dommages en retombant au sol. L’objectif de la Russie : fatiguer les systèmes de défense anti-aérienne de l'Ukraine pour que ses missiles atteignent à nouveau leurs cibles.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.