Guerre en Ukraine : Kiev vote l'interdiction de l'Eglise orthodoxe liée à la Russie
Le Parlement ukrainien a adopté, mardi 20 août, un projet de loi prévoyant l'interdiction de l'Eglise orthodoxe liée au patriarcat de Moscou. Cette dernière est décrite par plusieurs parlementaires ukrainiens comme un relais d'influence du Kremlin.
"Décision historique ! Le Parlement a voté un projet de loi qui interdit une filière du pays agresseur en Ukraine", a réagi sur Telegram la députée, Iryna Guerachtchenko. Selon un autre parlementaire, Iaroslav Jelezniak, 265 députés ont voté en faveur de ce document, le minimum requis étant de 226. "Il n'y aura pas d'Eglise moscovite en Ukraine", a renchéri sur Telegram le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak. D'après le député Iaroslav Jelezniak, la nouvelle loi, qui doit encore être promulguée par le président Volodymyr Zelensky avant d'entrer en vigueur, donnera neuf mois aux paroisses de l'église concernée pour "couper ses liens avec l'Eglise orthodoxe russe", qui soutient l'invasion russe de l'Ukraine.
"Un acte illégal", selon le patriarcat de Moscou
L'Eglise orthodoxe liée au patriarcat de Moscou était jadis la plus populaire en Ukraine, un pays à forte majorité orthodoxe. Mais elle a perdu ces dernières années de nombreux fidèles à mesure que le sentiment national ukrainien gagnait en popularité face à l'ex-puissance russe. Ce processus s'est accéléré avec la création en 2018 d'une Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante de Moscou, puis plus encore avec le début en février 2022 de l'invasion russe de l'Ukraine, ouvertement soutenue par le patriarcat de Moscou.
L'Eglise orthodoxe visée par cette interdiction avait annoncé en mai 2022 rompre tout lien avec le patriarcat de Moscou et accusé les autorités ukrainiennes de persécutions. Mais le gouvernement ukrainien estime qu'elle reste de facto dépendante de la Russie et plusieurs de ses dignitaires sont visés par des enquêtes criminelles. D'après des médias ukrainiens, l'Eglise orthodoxe compte toujours quelque 9 000 paroisses en Ukraine contre 8 000 à 9 000 paroisses pour sa rivale indépendante.
Sans surprise, la Russie a dénoncé une tentative de Kiev de "détruire l'orthodoxie canonique". La décision du Parlement vise à "détruire l'orthodoxie canonique et véritable et d'apporter à sa place un substitut, une fausse Eglise", a fulminé mardi la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. "Il s'agit d'un acte illégal qui constitue une violation flagrante des notions fondamentales de liberté de conscience et de droits de l'homme", a commenté, de son côté, un porte-parole du patriarcat russe, Vladimir Legoïda.
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