Guerre en Ukraine : des aumôniers militaires au plus près du front "pour remotiver" les soldats et les civils
Le père Guennadiy Mokhnenko, grosse croix en métal autour du cou et kalachnikov à portée de main dans la voiture, supervise le chargement de l’aide humanitaire. Son équipe va la distribuer à des civils et à des soldats dans le secteur de Zaporijjia. "Là où on va, les civils ne peuvent pas y aller. Il faut des autorisations spéciales pour travailler si près du front", explique-t-il. Des hommes d’Église vont ainsi chaque jour au plus près des combats en Ukraine pour soutenir les civils et soldats en première ligne. Le père Guennadiy Mokhnenko fait partie d'un bataillon d'aumôniers militaires de Marioupol.
Guennadiy et ses aumôniers militaires sont régulièrement appelés dans cette zone de Zaporijjia par des officiers pour venir apporter aux soldats un soutien au moins autant spirituel que matériel. "Hier, j'étais avec une unité dont le commandant avait senti la peur chez ses soldats. Avec la préparation de la contre-offensive, ils craignent tous pour leur vie. Les officiers comprennent notre rôle en tant qu'aumôniers et ils nous invitent à venir pour remotiver leurs hommes, ce qui est essentiel", décrit-il.
Des civils qui vivent depuis 15 mois dans un sous-sol
Ce bataillon fait une première étape dans la ville fantôme d’Orikhiv. Au pied d’un des rares immeubles encore habités, les aumôniers déchargent l’aide alimentaire, immédiatement stockée par Svetlana et ses voisines dans le sous-sol, où elles passent leur vie depuis quinze mois. "On ne voit jamais personne ici, confie Svetlana. On est 21 voisins et c'est tout, donc on est vraiment heureux quand des gens viennent nous voir. Surtout les aumôniers. Ils sont toujours si joyeux ! Ils nous remontent le moral. On est heureux de voir qu'on ne nous a pas complètement oubliés ici."
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Avant de se séparer, ils font une prière ensemble. Les aumôniers partent ensuite rendre visite à des soldats, en poste près d’un check-point où ils ont creusé leur campement à même la terre. Youri, la cinquantaine, sait l’importance de ces hommes de Dieu au cœur de la guerre. "J'ai déjà eu affaire à un aumônier plusieurs fois quand mon frère a été tué dans un village, près de Bakhmout, se souvient le soldat. Il m'a écouté, il m'a conseillé et ça m'a vraiment aidé. Je sais qu'on ne peut pas effacer la mort d'un proche, mais c'est bien d'avoir quelqu'un à qui parler."
Yuri explique qu’il n’aurait pas pu confier ses doutes, ses peurs à un frère d’armes ou à son officier comme il a pu le faire avec un homme d’Église. "Un bon aumônier vaudra toujours mieux que le meilleur des psychologues", conclut le père Guennadiy Mokhnenko.
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