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Guerre en Ukraine : comment la pression s'accentue pour que Leroy Merlin cesse ses activités en Russie

Des voix s'élèvent en France et en Ukraine pour que l'entreprise, qui compte près de 40 000 salariés en Russie, y cesse ses activités. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des dizaines de personnes manifestent au pied d'un magasin Leroy Merlin à Gdansk (Pologne) le 19 mars 2022 pour protester contre le maintien de l'activité du groupe français en Russie. (MICHAL FLUDRA / NURPHOTO / AFP)

"Arrêtez les ventes en Russie." C'est le message posté lundi 21 mars sur le compte Instagram de Leroy Merlin en Ukraine par des salariés. Celui-ci s'accompagne d'un lien vers une pétition en ligne demandant à Adeo, la maison-mère de l'enseigne de bricolage, de mettre fin à ses activités en Russie. Les autorités ukrainiennes reprochent aussi au groupe français de ne pas avoir fermé ses magasins en Russie, où il réalise 18% de son activité mondiale. Une demande qui résonne désormais en France, après le bombardement d'un centre commercial à Kiev. Franceinfo vous explique comment le groupe contrôlé par la famille Mulliez (propriétaire d'Auchan et Decathlon) s'est retrouvé au cœur de la polémique.  

Un centre commercial bombardé à Kiev

Tout a commencé dimanche 20 mars, vers 22h45, lorsque des frappes aériennes ont touché "Retroville", un immense centre commercial dans le nord-ouest de Kiev, où se situe un magasin de l'enseigne. "Leroy Merlin est devenue la première entreprise au monde à financer le bombardement de ses propres magasins et à tuer ses propres employés", a accusé le ministère de la Défense ukrainien.

Ouvert début 2020, juste avant la pandémie de Covid-19, "Retroville" compte 250 magasins. Aux alentours de ce temple de la consommation, quasiment aucune fenêtre ou baie vitrée n'a échappé au souffle de l'explosion. Selon un bilan officiel provisoire du parquet général ukrainien, le bombardement a fait au moins huit morts. D'après le ministère de la Défense russe, le centre commercial servait de dépôt d'armements et de munitions. 

Des élus critiquent le "cynisme" de la marque

Sur Twitter, un membre du Parlement ukrainien interpelle l'entreprise française dans une vidéo mise en ligne lundi"Des gens sont morts ici. Il est possible que ces vidéos influencent d'une manière ou d'une autre votre décision de continuer à payer des impôts en Russie et ainsi financer ce qui se passe ici", s'insurge Oleksiy Goncharenko.

Avant cette frappe, dans un article du Telegraph (en anglais), le groupe français avait déjà été accusé de profiter de l'invasion de l'Ukraine"Ce genre d'entreprises n'a pas de droit moral d'exister. L'hypocrisie et le cynisme de la manière dont ils font de l'argent sont juste ahurissants. Ils sont d'accord avec le fait de s'enrichir alors que le sang d'enfants ukrainiens coule", avait déclaré une députée ukrainienne au quotidien britannique

Les appels à fermer en Russie se multiplient

Lundi 21 mars, des salariés de Leroy Merlin en Ukraine demandent à leur tour, sur Instagram, au groupe ainsi qu'aux autres enseignes de la famille Mulliez – Auchan et Decathlon – de "cesser les ventes en Russie". Cela "privera l'agresseur de l'opportunité de financer" l'offensive russe en Ukraine, précise la pétition postée en lien de la publication.

C'est que Leroy Merlin revendique, sur son site internet, 36 000 salariés opérants en Russie, dans 107 hypermarchés et 62 villes. En 2020, Leroy Merlin y a déclaré 4,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. La Russie est donc le deuxième marché pour l'enseigne derrière la France. Et Adeo, la holding de Leroy Merlin, a réalisé en 2020 un chiffre d'affaires total de 22,3 milliards d'euros en Russie. Plus de 18% de son activité est donc réalisée dans le pays.

La polémique gagne l'Hexagone

En France, du côté de l'enseigne, c'est le silence radio. Sollicitée par l'AFP, la communication d'Adeo et de Leroy Merlin n'a pas souhaité réagir. Un silence qui exaspère Jean-Marc Cicuto, délégué syndical CFTC à Leroy Merlin. Celui-ci s'est dit "extrêmement en colère" vis-à-vis de sa direction. "On est en colère que l'entreprise se mue dans un silence profond, même en interne, a-t-il déclaré sur franceinfo.

Pour l'instant, seul Décathlon, marque également contrôlée par la famille Mulliez, a annoncé avoir "gelé" ses activités sur place pour "ne pas exposer" ses 150 salariés "à une situation qui ne garantit pas totalement leur sécurité"Auchan, sollicité par l'AFP, s'est borné de son côté à "appeler à la paix dans cette zone" sans plus de commentaire.

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