Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de la contre-offensive qui a débuté
La contre-offensive ukrainienne est confirmée. Pour la première fois, samedi 10 juin, le président Volodymyr Zelensky a déclaré au cours d'une conférence de presse depuis Kiev que "des actions contre-offensives et défensives ont lieu en Ukraine". "Je n'en parlerai pas en détail", a-t-il toutefois ajouté. Des opérations militaires ukrainiennes sont signalées en plusieurs points de la ligne de front. Voici ce que l'on sait.
Des opérations menées dans "au moins quatre zones"
"La contre-offensive ukrainienne a commencé", confirme le centre d'analyse américain Institute for the Study of War (ISW). Selon l'organisme, "les forces ukrainiennes ont mené des opérations contre-offensives dans au moins quatre zones du front" samedi.
L'ISW a également précisé que, selon des sources russes, "les forces ukrainiennes disposaient d'avantages tactiques pour mener des assauts de nuit grâce à des équipements fournis par les occidentaux et dotés de systèmes optiques nocturnes supérieurs".
Dans son rapport quotidien publié samedi, l'armée russe mentionne des attaques des forces de Kiev dans les régions de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, et de Donetsk, dans l'est du pays. C'est en particulier le cas près de la ville dévastée de Bakhmout, dont Moscou a revendiqué la conquête totale en mai.
Le porte-parole du commandement Est de l'armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, a quant à lui affirmé à la télévision que les troupes de Kiev étaient parvenues à avancer de 1 400 mètres autour de Bakhmout. Dimanche, les forces terrestres ukrainiennes ont annoncé sur Facebook la prise du village de Blagodatné dans le sud-est du pays. Le message est accompagné d'une vidéo montrant des soldats avec un drapeau ukrainien dans un bâtiment détruit. C'est le premier gain territorial revendiqué depuis le déclenchement de l'offensive. Quelques heures plus tard, le service des gardes-frontières de l'Etat a ensuite affirmé, en début de soirée, la reprise du village de Neskuchne, dans la région orientale de Donetsk.
"Reprendre la région de Zaporijjia est un enjeu stratégique qui pourrait permettre de couper la route de ravitaillement entre la région occupée du sud et la Crimée", souligne à franceinfo Carole Grimaud, chargée de cours sur la géopolitique russe à l'université Paul-Valéry de Montpellier.
Les autorités ukrainiennes entretiennent le flou sur leur stratégie
Côté ukrainien, "on n'a aucune information sur le nombre d'hommes, le matériel utilisé", observe l'universitaire Carole Grimaud. "C'est volontaire, cela fait partie d'une stratégie pour prendre de surprise la ligne de défense russe, pour déstabiliser le côté russe qui attend une contre-attaque depuis des mois".
Le ministre de la Défense ukrainienne, Oleksii Reznikov, a ainsi publié sur Twitter une vidéo qui montre des soldats faisant le signe de se taire. La vidéo se conclut sur un slogan : "Les plans aiment le silence. Il n'y aura pas d'annonce à propos du début" de la contre-offensive.
"On n'a pas été informé du début de l'offensive et on ne sera pas non plus informé de la fin", estime Carole Grimaud. On peut cependant s'attendre à ce "qu'elle continue tant que la météo le permet". Le but est de "faire des avancées symboliques et stratégiques pour montrer au gouvernement et à la population russes qu'il n'est pas possible de continuer cette opération spéciale".
La Russie assure que "les troupes ukrainiennes n'ont atteint aucun de leurs objectifs"
Vladimir Poutine a assuré vendredi devant des journalistes que la grande contre-offensive ukrainienne attendue depuis des mois avait "commencé". Le président russe a aussitôt ajouté que "toutes les tentatives de contre-offensive menées jusqu'à présent avaient échoué", évoquant des pertes "de l'ordre de trois [Ukrainiens] pour un" Russe, tout en affirmant que Kiev conservait son "potentiel offensif". "Les troupes ukrainiennes n'ont atteint leur objectif sur aucun des champs de bataille", a affirmé le maître du Kremlin.
L'armée russe signale depuis six jours des assauts d'ampleur, y compris avec des équipements livrés par les Occidentaux, sur ses positions, notamment dans le sud de l'Ukraine. Le ministère russe de la Défense a ainsi diffusé une vidéo montrant une colonne de chars et de véhicules blindés de fabrication occidentale détruits, certaines carcasses fumant encore, dans le sud de la région de Donetsk.
"C'est une stratégie pour minimiser les avancées ukrainiennes", commente Carole Grimaud. Vladimir Poutine veut "faire croire aux soldats et à la population russes qu'il n'y a rien à craindre, que tout se place selon le plan", même si ce n'est plus le cas sur le terrain. Moscou "craint une guerre civile", estime l'experte, alors que des actions de sabotages à Belgorod, en Russie, ont été revendiquées par des Russes qui combattent aux côtés des Ukrainiens.
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