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En Ukraine, une clinique veut redonner un avenir aux victimes de la guerre : "On va devenir un pays avec beaucoup de blessés amputés"

Le SuperHuman Center, situé à Lviv, a été créé pour équiper en prothèses, les soldats et civils blessés par la guerre en Ukraine.
Article rédigé par Mathilde Dehimi, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Olga Rudneva, la directrice du SuperHuman Center, à Lviv, en avril 2023. (MATHILDE DEHIMI / RADIO FRANCE)

La directrice du SuperHuman Center, Olga Rudneva, se faufile au milieu des travaux jusqu'à une piscine de l'ancien hôpital des vétérans, une piscine abandonnée et désormais en eau avec des vélos immergés. "Ils ne l'utilisaient jamais, car elle était en très mauvais état, explique-t-elle. Mais c'est parfait pour faire de l'hydrothérapie, pour ceux qui ont des problèmes orthopédiques. Ça allège ton poids. Si tu ne peux pas bouger au sol, tu peux le faire dans l'eau. C'est l'un des axes de rééducation". Ce centre  national de réadaptation spécialisé en chirurgie réparatrice, situé à Lviv, va fournir en autres des prothèses aux soldats et aux civils, victimes de la guerre qui dure depuis plus d'un an avec la Russie. L'établissement de santé flambant neuf, portée par la société civile ukrainienne avec des fonds internationaux, veut redonner un avenir à ces blessés et changer le regard sur le handicap. Le ministre de la Santé  François Braun se rend d'ailleurs sur place, vendredi 14 et samedi 15 avril, pour l'inaugurer. 

Quelque 120 candidats pour 45 places disponibles

Les places sont chères dans cette nouvelle clinique. Cent-vingt personnes sont déjà sur les listes pour 45 places disponibles. Pour certaines, cela sera compliqué de trouver la bonne prothèse, car il y a de plus en plus d’amputations trop haut sur le bras, des garrots posés au plus vite au beau milieu des combats.

"Le problème, c'est que la route dédiée à l'évacuation des blessés est trop longue, constate Andryi Vilenskyi, médecin chef de la clinique. Dès qu’un soldat est blessé à un membre, il se pose un garrot, un tourniquet. Et de temps en temps, quand il arrive à l’hôpital, il est déjà trop tard, son bras n’est plus viable, il faut amputer."

Pour la première fois, les services sont regroupés au même endroit : psychiatres pour accepter la prothèse, techniciens qui vont la créer sur mesure, ergothérapeutes pour apprendre à s’en servir, etc. Une pièce spéciale a été conçue par des Français. "C’est la reproduction des pièces d’un appartement normal, on a la cuisine avec de la vaisselle, des tasses à saisir, décrit Andryi Vilenskyi. C’est comme si le patient se retrouvait à la maison, il va pouvoir réapprendre ici le quotidien".

En un an seulement, l'équipe d’humanitaires a levé 21 millions de dollars de fonds internationaux, avec l’appui de stars comme Sting. Il faut dès maintenant penser au futur en changeant le regard des gens préconise Olga Rudneva. 

"On doit rendre tout à fait normal le handicap, on va devenir un pays avec beaucoup de blessés amputés. Ça montre qu’ils ont combattu pour libérer l’Ukraine et ils ne doivent pas avoir honte."

Olga Rudneva, la directrice de la clinique

à franceinfo

D'ici à la fin de l’année, la clinique SuperHuman Center ouvrira un service de chirurgie, quand les soignants et techniciens, peu nombreux aujourd’hui, seront formés.

Le reportage de Mathilde Dehimi, à Lviv, en Ukraine

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