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Ukraine : un an de guerre raconté en photos par nos reporters
Publié le 24/02/2023 09:33
Les reporters de franceinfo radio en Ukraine reviennent sur ces instants et ces rencontres qui, au-delà des reportages qu'ils ont réalisés depuis le 24 février 2022, racontent un an de guerre. Voici leur sélection.
Depuis le 24 février 2022 et le début de la guerre en Ukraine , les reporters de franceinfo suivent, racontent et décryptent la guerre en Ukraine au plus près du terrain. Ce sont plus de 230 jours et 1 566 minutes de reportages dans près de dix villes ukrainiennes. Toutes les trois semaines depuis le 24 février, des tandems reporters-techniciens de franceinfo et Radio France se relayent ainsi sur le terrain. Kiev, Boutcha, Karkhiv, Bakhmout, Odessa, Kherson... Une présence et une mobilisation inédite pour informer sur l'avancée de la guerre et le quotidien des Ukrainiens. Sur place, nos reporters on recueilli les petites histoires pour raconter la grande.
Liudmila à Gnutove, près de Marioupol, quelques jours avant le début de l'invasion russe de l'Ukraine du 24 février 2022. "J’étais à Marioupol quelques jours avant le début de l’invasion russe, dans une région marquée par la guerre sans fin du Donbass, démarrée en 2015. J’avais croisé une mamie souriante. Liudmila, habituée malgré elle au bruit de la guerre, au risque de bombardement. Elle menait sa vie. Elle voulait la paix. Aujourd’hui, comme pour toutes celles et ceux que j’ai rencontrés à Marioupol il y a un an, je me demande comment elle se porte. Marioupol a été quasiment rasée. La ville que j’ai vue n’existe plus." (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Maksym Biletskyi, fixeur, Arthur Gerbault, technicien de reportage, et Valentin Dunate, reporter. "Dans la nuit du 23 au 24 février, un média américain indique que la Russie va frapper l’Ukraine 'dans les heures qui viennent'. Cette phrase résonne en moi. Il est 1h du matin, nous sommes à Sloviansk et nous décidons de nous réfugier dans une région que nous considérions moins dangereuse. Là, Vladimir Poutine officialise ce qui était redouté depuis plusieurs semaines. Les Ukrainiens autour de moi ont du mal à y croire, ils ont le regard dans le vide; l’inquiétude est palpable et le silence plombant, seulement entrecoupé par les sirènes d’alertes. Le 24 février, au lever du soleil, nous constatons que des milliers de familles sont en train de fuir l’est du pays. Il n’y a pas de panique mais les supermarchés, les banques, les stations-service sont prises d’assaut. En une nuit, le destin de ce pays et de son peuple vient de basculer." (VALENTIN DUNATE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Irpin, en banlieue de Kiev, le 8 mars 2022. Une vieille dame est évacuée à l'aide d'un charriot, après des bombardements. "Quelques jours après le déclenchement de l’invasion, avec Laurent Macchietti, technicien, nous arrivons à Irpin, en banlieue de Kiev. La ville est bombardée. L’hospice est évacué. Dans la panique, les soignants font avec les moyens du bord pour évacuer les résidents au plus vite. Comme cette vieille dame, dans ce chariot de supermarché. Une image presque aussi marquante pour moi que les morts ou les destructions que j’ai pu voir tout au long de mes reportages." (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Dans l'église de Loutsk, des soldats et des familles pleurent les défunts, le 12 mars 2022. "Le 12 mars 2022, je me rends à Loutsk, dans l’ouest de l’Ukraine pour les obsèques de soldats. La base militaire a été la cible de bombardements la veille et quatre militaires avaient été tués. Ce qui m’a marquée dans l’église, c’est le contraste entre l’émotion contenue des camarades des défunts, qui se tenaient droit d’un côté des deux cercueils et de l’autre, les corps voûtés des proches, des mères notamment au bord du désespoir, en larmes. Au milieu, les visages tuméfiés et presque paisibles des morts qui avaient été maquillés pour atténuer la violence de l’explosion." (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Le moine-soldat Roman, dans l’église Saint-Apôtres-Pierre-et-Paul de Lviv, le 15 mars, avec le fixeur, Fabien Gosset, technicien de reportage, et Sandrine Etoa-Andègue, reporter. "Roman, 26 ans, moine-soldat rencontré en l’église Saint-Apôtres-Pierre-et-Paul de Lviv, reçoit les confidences des soldats sur le front, notamment via les réseaux sociaux, Messenger, Instagram ou par SMS. Ils évoquent la dure réalité de la guerre sur le front, leur peur de la mort, leur foi. Le prêtre orthodoxe essaie de trouver les mots, des messages d’amour et un esprit guerrier, convaincu de la nécessité de la guerre et prêt à enlever sa soutane pour aller combattre. Il avait une voix très douce et déterminée." (SANDRINE ETOA ANDEGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Katia et son fils, Youri, dans un centre d'accueil installé dans le stade de Lviv, le 17 mars. "Dans le stade de Lviv transformé en centre d’accueil, j’ai rencontré une maman et son fils. Youri, un petit garçon aux grands yeux malicieux, et sa mère, Katia, ont quitté leur modeste appartement du centre de Kiev avec très peu d’affaires, dans la nuit du 24 février. Le petit garçon très espiègle et bavard nous a raconté ces moments d’angoisse, la tristesse de laisser son chat, l’incertitude du sort de ses copains d’école. Il y a eu un échange de regards entre la mère, cernée et parlant peu, et le fils, qui disait 'Je tiens parce que tu tiens', comme un contrat tacite passé l’un envers l’autre ; pendant quelques secondes cela nous a transpercé le cœur." (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Volodymir enterre son fils dans le cimetière de Boutcha, le 30 avril 2022. Son fils a été touché par un éclat de roquette tirée par les Russes. "Chaque histoire, chaque personne rencontrée reste un souvenir indélébile. La rencontre à la morgue de Boutcha avec Havlyna, cette grand-mère venue chercher le certificat de décès de son petit-fils Vania, 15 ans, tué dans sa fuite par les Russes, qui aimait le judo, l’informatique et qui sera enterré dans le cimetière de Boutcha. Là où nous avons rencontré Volodymir qui enterre lui, son fils touché par un tir de roquette. Le chant religieux qui enveloppe le cimetière à ce moment-là me serre encore le cœur." (FARIDA NOUAR / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Olexander et son ami Viktor, à Borodianka. "Olexander, à gauche, retrouve Viktor, le parrain de ses enfants, dans le jardin de ce dernier. Sa maison, elle, a été quasiment soufflée et l’appartement d’Olexander, dans la rue d’en face, détruit." (FARIDA NOUAR / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Viktor dans son jardin qui a résisté aux bombardements russes, à Borodianka. "Viktor est fier de montrer à Roman Sigov, notre fixeur, et Fabien Gosset, le technicien de reportage, ses petits pots de lys dans son jardin qui ont résisté aux bombardements russes, comme un symbole." (FARIDA NOUAR / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
7 septembre 2022. Anastasia pose avec un de ses fils. En portrait, son jumeau qu'elle a perdu quelques jours plus tôt, à Zelenodolsk, dans la région de Kherson. "Je reste marqué par l’émotion de cette maman rencontrée à Zelenodolsk, quelques jours après la mort de son fils de neuf ans. Un obus tombé, alors qu’il s’amusait dans le petit parc juste à côté de leur immeuble. Il est mort sous les yeux de sa mère. Anastasia, encore choquée, a tenu absolument à témoigner. Comme beaucoup d’Ukrainiens, se confier à nous, c’est dire les ravages de cette guerre, ses deuils. Donner un visage –celui de son fils– à l’horreur de ce conflit." (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Yashar Fasilov, fixeur, et Boris Loumagne, reporter, dans la région de Karkhiv, le 13 septembre. "Avec Eric Audra, le technicien de reportage, et notre fixeur Yashar Fasilov, nous arrivons dans la région de Karkhiv. C’est notre premier jour de mission. Nous nous perdons dans la campagne à la recherche de témoignages après la libération de ces villages, occupés plusieurs mois par les Russes. Avec notre voiture, nous arrivons sur cette route, des mines jonchent le bitume et la question se pose : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour réaliser ce reportage ? Le doute se lit sur nos visages. Nous décidons de rebrousser chemin." (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)
Novembre 2022. Katia visite son nouvel appartement, avec une lampe torche, à Kiev. "Visiter son prochain appartement à la lanterne, faute de courant... 'On s’habitue. C’est notre nouvelle réalité !', dit Katia, pas effrayée non plus à l’idée de se loger au 18e étage de cet immeuble de Kiev, malgré les menaces de bombardements russes." (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Anya et sa grand-mère Ludmilla, à Kherson, en novembre 2022. "Après cinq mois loin l’une de l’autre, Anya tombe dans les bras de sa grand-mère Ludmilla, sur le quai de la gare de Kherson, en novembre 2022 : ces retrouvailles entre des Ukrainiens séparés par la guerre sont toujours des moments très forts." (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
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