Dans l'espace, Russes et Américains forcés de s'entendre
Quels que soient les désaccords entre Moscou et Washington sur Terre, les astronautes et cosmonautes n'ont pas d'autre choix que de collaborer.
Dans l'espace, personne ne vous entend crier, alors inutile de se disputer. Les tensions en Ukraine pourraient compliquer la collaboration russo-américaine dans l'espace, alors que la Nasa et son homologue russe Roscomos sont condamnées à s'entendre, tant elles sont dépendantes l'une de l'autre .
Les astronautes américains dépendent des vaisseaux russes Soyouz pour se rendre à la Station spatiale internationale (ISS) et tout dépend des réactions de Vladimir Poutine aux sanctions américaines. Or, souligne John Logsdon, membre du conseil consultatif de la Nasa, "il a certainement la capacité" d'arrêter de transporter des astronautes américains à l'ISS. L'arrêt de l'acheminement des Américains vers l'ISS serait "une catastrophe" car il serait "très difficile de continuer à faire fonctionner la Station", juge-t-il.
Un couple divorcé sous le même toit
Mais Vladimir Poutine n'a pas vraiment intérêt à priver les Américains de ses vaisseaux. Roscomos facture 70,7 millions de dollars le siège pour les envoyer dans l'espace et Washington finance trois des quatre milliards de dollars du coût annuel de fonctionnement de l'ISS. "Je ne pense pas que la Station puisse bien fonctionner sans le centre de contrôle américain au Texas", explique John Logsdon.
Les relations spatiales américano-russes "ressemblent à celle d'un couple divorcé essayant de vivre sous le même toit (...) C'est possible mais difficile", résume Howard McCurdy, un expert de l'espace à l'American University à Washington.Pour l'heure, "les liens commerciaux, militaires et en matière de contrôle des armes nucléaires maintiennent les deux pays ensemble", souligne-t-il.
En attendant SpaceX
Allard Beutel, de la Nasa, rappelle toutefois que l'agence spatiale va sélectionner en 2014 les sociétés privées qui transporteront ses astronautes à l'ISS à partir de 2017. SpaceX, Boeing et Sierra Nevada sont en lice. "En attendant, la Nasa et Roscosmos continueront à travailler ensemble pour maintenir le fonctionnement de la Station spatiale occupée sans discontinuité depuis 13 ans", ajoute Allard Beutel.
Par ailleurs, le Pentagone examine les retombées potentielles de la crise ukrainienne sur l'approvisionnement des moteurs de fabrication russe RD-180, utilisés par le lanceur américain Atlas V pour mettre sur orbite ses satellites militaires.
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