Cet article date de plus de deux ans.

Conflit Ukraine-Russie : La France veut "maintenir l'intégrité territoriale ukrainienne", assure un chercheur

Alors que les dirigeants européens se réunissent ce mercredi à Bruxelles à l'occasion du sommet du Partenariat oriental, sur fond de soupçons de projet d'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'enseignant à Sciences Po Florent Parmentier a estimé sur franceinfo qu'Emmanuel Macron doit osciller entre "fermeté" et "capacité à négocier". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Cette image satellite du 1er novembre 2021, publiée par Maxar Technologies, montre des tentes militaires à la périphérie nord de la ville de Yelnya (Russie).  (IMAGE SATELLITE MAXAR TECH / AFP)

"La France fait partie de ces États qui veulent maintenir l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a affirmé mercredi 15 décembre sur franceinfo Florent Parmentier, secrétaire général du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et enseignant à Sciences Po, alors qu'Emmanuel Marcon participe au sommet du Partenariat oriental entre l'Union européenne et cinq ex-républiques soviétiques, dont l'Ukraine. 

franceinfo : L'ombre de la Russie, soupçonnée de préparer une nouvelle invasion de l'Ukraine, va planer sur ce sommet. Sur quoi sont fondés ces soupçons ?

Florent ParmentierJe pense qu'il faut partir d'abord des faits. Il y a une présence accrue de troupes russes tout au long des frontières de l'Ukraine et qui, potentiellement, pourraient attaquer le territoire ukrainien à la fois depuis le Nord, depuis l'Est et depuis le Sud, via la Crimée. Il y a une présomption très forte du côté de l'Ukraine, mais également du côté des États-Unis, que ces manœuvres de la Russie peuvent ne pas être qu'une démarche d'intimidation et être une sorte de prélude à une attaque. C'est la question que beaucoup d'observateurs se posent : est-ce que nous sommes, de la part de la Russie, dans la volonté de vraiment lancer une négociation et de marquer un rapport de force ? Cela voudrait dire que le fait de déstabiliser le président ukrainien et d'inquiéter Américains et Européens suffirait à créer un terrain de jeu de négociations plus fort. Où est-ce qu'il s'agit des prémices d'un conflit de haute intensité ? Il faut rappeler que l'Ukraine et la Russie continuent de s'affronter dans l'ouest de l'Ukraine. Il y a toujours, chaque mois, un certain nombre de morts dans les troupes côté ukrainien. Ce sera l'objet des discussions d'Emmanuel Macron et de ses homologues européens : quelle doit être la position des Européens ?

La position de l'Union européenne n'est donc pas claire sur ces soupçons d'invasion ?

Non, je pense qu'on peut dire qu'il y a deux tendances qui se dégagent. Une tendance qui anticipe le pire, en Pologne, dans les pays baltes ou dans un certain nombre de pays, essentiellement d'Europe centrale. Cette partie-là serait plutôt favorable à un soutien beaucoup plus explicite aux Ukrainiens. Et puis, l'Allemagne, via son nouveau chancelier Olaf Scholz, se positionne plutôt comme étant hostile à la livraison d'armes à l'Ukraine, en disant que si on livre des armes maintenant, on envoie comme message une nouvelle occasion de faire une escalade des hostilités de part et d'autre. Il y a deux lignes qui s'opposent. Reste à voir comment les Européens souhaiteront se positionner collectivement de manière à essayer de dissuader la Russie d'attaquer l'Ukraine. Je pense qu'il y a un consensus en Europe, de même que pour soutenir la souveraineté territoriale de l'Ukraine.

Quelle est la position de la France ?

La France fait partie de ces États qui veulent maintenir l'intégrité territoriale de l'Ukraine et qui l'ont mentionnée assez tôt. En même temps, le souci d'Emmanuel Macron est d'apparaître sur ses deux jambes. Une première jambe est celle de la fermeté. L'idée est que si vous n'envoyez pas le message que vous êtes prêt à soutenir, d'une manière ou d'une autre, les Ukrainiens, vous vous privez d'un levier de négociation. Mais toute forme de rapport de force ou de fermeté doit être accompagnée d'un autre élément, qui est une capacité à négocier et à envisager différentes positions. On peut donc estimer qu'Emmanuel Macron sera à la fois soucieux d'écouter les peurs qui existent en Pologne, dans les États baltes et parfois ailleurs, et de s'inspirer du comportement de l'Allemagne, qui essaie à tout prix d'éviter une escalade du conflit. On voit bien qu'Emmanuel Macron sera en position d'essayer de faire converger les Européens. Emmanuel Macron s'était très clairement positionné en août 2019, avec sa volonté de discussions avec la Russie, de retrouver de nouvelles manières d'échanger avec la puissance russe.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.