Commémorations du 9-mai : à Berlin, prorusses et défenseurs de l'Ukraine défilent chacun de leur côté
La police allemande craint de nouveaux débordements après un dimanche agité dans les rues de la capitale marqué par la manifestation des "Loups de la nuit", admirateurs de Vladimir Poutine.
À l’occasion des 77e commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces 8 et 9 mai, Berlin (Allemagne) est comme une énorme marmite. Ce dimanche, les forces de l’ordre ont recensé plus d’une trentaine de manifestations. Du fait de la guerre en Ukraine, les rassemblements prorusses célébrant la victoire soviétique de 1945 sont particulièrement agités. Comme ce groupe de motards russes, les "Loups de la nuit" connus pour leur fidélité à Vladimir Poutine.
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Ces habitués du 9-Mai dans la capitale allemande ont déjà bruyamment fait savoir qu’ils étaient en ville, dès jeudi, et ont déposé une nouvelle demande de manifestation pour ce lundi. Ils ne parlent pas à la presse mais obtempèrent aux policiers qui leur demandent de retirer de leurs vestes le ruban de Saint-Georges, aux rayures orange et noir, ce symbole de la victoire de l’armée rouge, devenu aujourd’hui celui du patriotisme prôné par le Kremlin. Quiconque le porte en Russie affiche son soutien à la guerre en Ukraine.
Tous les drapeaux soudainement interdits
Les policiers appliquent à Berlin une décision de dernière minute de la municipalité : interdiction de brandir ce ruban, le symbole "Z" ou bien des drapeaux, qu'ils soit russes, soviétiques ou ukrainiens. Comme si les autorités refusaient de prendre une position claire et plaçaient tous les manifestants au même niveau. C’est une "gifle à l’Ukraine", a estimé l’ambassadeur d'Ukraine en Allemagne, Andrij Melnyk, en parlant d'un drapeau de 25 mètres de long que la police a fait replier et enrouler pendant de longues secondes, sous les "gloire à l’Ukraine" des manifestants. De l’autre côté de l’avenue, d’autres groupes traitent l’ambassadeur ukrainien de nazi, en lui demandant de quitter les lieux : "Melnyk Raus" (Melnyk dehors !).
"J’ai honte d’être russe", dit le politologue Sergey Medvedev, à la tête d’une association berlinoise qui œuvre au renforcement des sociétés civiles dans les anciens pays socialistes satellites de l’Union soviétique. La situation le désespère, la communauté russophone en Allemagne – environ deux millions et demi de personnes – est selon lui divisée : "La télévision russe et les médias liés au Kremlin jouent un rôle très important sur la vie politique intérieure allemande. On l’a vu pendant la pandémie de coronavirus. Et une fois encore, maintenant, avec cette guerre."
"Le problème principal est que la télévision russe n’est pas un média. Ce n’est qu’un pur canal de propagande qui vise à orienter l’opinion publique."
Sergey Medvedev, politologueà franceinfo
"Et ça fait dix ans que ça dure, poursuit Sergey Medvedev, encore plus depuis 2014 et la première guerre en Ukraine, cette propagande très agressive est malheureusement assez réussie." La crainte du politologie, comme d’autres ici à Berlin, est que ce conflit dure et qu’il polarise de plus en plus, qu’il exacerbe les tensions au sein de la population allemande.
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