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"Ces hommes essaient de se positionner en héros" : depuis la guerre en Ukraine, des agences matrimoniales assaillies de demandes

De nombreux hommes souhaitent rencontrer des Ukrainiennes et sollicitent des agences spécialisées dans les rencontres avec des femmes de l'Est. L'une d'elle, basée à Marseille, est submergée d'appels et doit faire le tri entre les hommes sincères et ceux qui veulent profiter de la situation.

Article rédigé par franceinfo - Thibault Delmarle
Radio France
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Un couple se tient la main. Photo d'illustration. (SERGIO MENDOZA HOCHMANN / MOMENT RF)

À la grande surprise de Katery Baratova, la patronne de l'agence Au cœur de l'Est, le téléphone n'a jamais autant sonné que depuis le début de la guerre en Ukraine. Elle reçoit des dizaines d'appels par jour. "Ce n'est pas possible d'utiliser mon téléphone, assure-t-elle. Je ne peux pas prendre de photos ou faire autre chose parce qu'il n'arrête pas de sonner."

L'entreprise, créée en 2011, permet de rencontrer des femmes de l'Est. Afin de trouver l'amour en six mois, il faut débourser 1 900 euros. Actuellement, neuf personnes sur dix qu'elle reçoit au bout du fil sont des hommes qui se présentent comme grands seigneurs, prêts à sauver une jeune Ukrainienne de l'enfer de la guerre. "Je m'appelle Gérard, j'ai 60 ans, je suis d'accord pour héberger la Tatiana de votre site, c'est gratuit, je veux l'aider", rapporte Katery Baratova. "Je pense que ces hommes essaient de se positionner en héros. Ils dissimulent leur intérêt personnel derrière un faux-semblant humanitaire", nous explique la patronne de l'agence Au cœur de l'Est.

Protéger ses adhérentes les plus fragiles

Kataryna Baratova est originaire de Kharkiv et travaille surtout avec des femmes de cette ville, environ 300 "adhérentes" ukrainiennes. Ses clients : des hommes originaires de plusieurs pays francophones (Suisse, Belgique, Québec).

La gérante fait en sorte de protéger ses adhérentes les plus fragiles. En revanche, certaines sont déterminées et veulent rencontrer un homme pour fuir le pays, "en sachant encore une fois qu'elles ont du choix, et actuellement, elles ont plus de choix que jamais."

"D'autres adhérentes sont présentes à l'ouest de l'Ukraine, souvent à la campagne, et sont prêtes à échanger avec nos clients et venir les rencontrer en Europe parce qu'elles voudraient bien partir."

Kataryna Baratova, gérante de l'agence matrimoniale

à franceinfo

Alexandre est l'un des prétendants. Cet avocat de 43 ans s'est inscrit avant la guerre. Il a rencontré trois femmes ces dernières semaines et affirme ne pas avoir ressenti ce besoin de protection. "Dans tous les cas, je n'ai pas rencontré de personnes en détresse qui ressentaient le besoin extrême d'être hébergées par un homme, explique-t-il. Les trois étaient dans des situations plutôt confortables. Ça m'aurait d'ailleurs un peu déplu d'être dans cette position de femme en détresse, prête à tout pour fuir la guerre et se réfugier chez le premier homme venu." À la fin de ces trois rendez-vous, Alexandre a gardé le numéro de Svetlana. Une deuxième rencontre est déjà prévue.

Guerre en Ukraine : les agences matrimoniales prises d'assaut - Reportage de Thibault Delmarle

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