"Et c'est tous les jours depuis le début de la guerre..." : en Ukraine, les attaques de drones sont quotidiennes
En Ukraine, pas un jour ne passe désormais sans une attaque de drones. Les alertes retentissent dans les rues, sur les téléphones. À Demydiv, au nord de Kiev, la glace et la neige ont recouvert le chemin. Pendant quarante jours l’hiver dernier, le village, en première ligne, a été occupé. Alors maintenant qu’ils ont connu la terreur, les soldats dans les cours des maisons, Sacha, le chef du village le dit, les habitants sont prêts à tout affronter. Il raconte : "Les trois premiers jours on ne comprenait rien, mais maintenant on comprend tout ! Même les mamies du village peuvent vous dire ce qu'est une défense antiaérienne, ce que ça veut dire quand on parle de départ et d'arrivée pour un missile, ... Elles sont devenues de vraies expertes militaires !"
Nina est l'une de ces babouchkas, un foulard posé sur ses cheveux gris, une dent en or qui brille quand elle sourit, des mains épaisses et calleuses qu’elle joint en prière, ou lève en serrant le poing. "Bien sûr, on a aussi souffert, reconnaît-elle. Mais tout ça, ce n’est pas grave, on va faire avec ! Le principal, c’est qu’on soit victorieux et qu’on garde l’Ukraine. On ne veut rien d’autre." Soudain elle s’interrompt, surprise. "C’est quoi ? Une alerte ? Un raid aérien ?"
"Ça nous inquiète, mais on a l’habitude"
Le quotidien, le voilà. La sirène au loin, les notifications sur le portable, prévenant d’un nouveau raid aérien. La menace est permanente, au point que tous ici préfèrent l’ignorer, pour ne pas devenir fous. "L’important, c’est que tout aille bien, reprend Nina. Qu’on n’entende plus les sirènes. Qu’il n’y ait plus de raids aériens. Vous voyez ? Vous êtes là et il y a une sirène qui sonne, on ne sait pas ce qui vole, d’où ça vient... De Russie ? On ne sait pas."
Plus personne ne descend aux abris pour cela. La quasi-totalité des dizaines de drones lancés chaque jour par la Russie sur l’Ukraine est interceptée. Autour de la capitale, la défense antiaérienne, avec ses systèmes combinés, est efficace. Mais dans le reste du pays, le ciel n’est pas aussi bien protégé, ni des drones, ni des missiles. Et cela, Nina le sait. "Ça nous inquiète, mais on a l’habitude. On se fait du souci pour tous les nôtres, pour l’Ukraine, nos enfants, nos petits-enfants. Et c’est tous les jours, depuis le début de la guerre, la nuit, à 2 heures, 4 heures du matin, ça vole !" Pourtant à Demydiv, personne n’a quitté le village. Et dans le salon de Nina, on continue à chanter l’hymne ukrainien.
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