Les violences intercommunautaires en Macédoine
Les six personnes ont été reconnues coupables d'avoir fait partie d'un groupe qui a lancé des pierres contre les forces de l'ordre, blessant une vingtaine de policiers. Plusieurs manifestants avaient également été blessés, et des dizaines arrêtés.
Les personnes condamnées avaient participé le 4 juillet à un rassemblement organisé pour protester contre la condamnation de six Albanais à perpétuité après le meurtre, en avril 2012, de cinq Macédoniens. Un acte qualifié par les autorités d'«attaque terroriste». Pour la défense, il s’agit d’un procès «politique». Depuis cette condamnation circule sur les réseaux sociaux un appel invitant tous les Albanais des Balkans à protester contre les «injustices» commises par l’Etat macédonien.
Le 12 avril 2012, les cadavres de cinq Macédoniens tués par balle avaient été découverts près d'un lac situé à proximité du village de Smiljkovci, au nord de Skopje, capitale de la Macédoine. Dans un premier temps, une vingtaine de suspects albanophones avaient été interpellés, nombre d'entre eux appartenant à des groupes islamistes radicaux.
Le dossier est suivi avec beaucoup d’attention dans les pays occidentaux, mais aussi en Albanie et au Kosovo (peuplés en grande majorité d’Albanais). Ces deux pays ont exprimé leur inquiétude à propos des violences dans les manifestations.
Tensions intercommunautaires
Les relations entre Macédoniens et Albanais sont marquées par des tensions périodiques depuis un conflit de sept mois qui avaient opposé en 2001 les forces gouvernementales à une guérilla albanaise, l’UCK (Armée de libération nationale, nom semblable à celui de la guérilla albanaise au Kosovo contre les Serbes). Le conflit s’était conclu par l’accord de paix d’Ohrid en août 2001. Il prévoyait d’octroyer des droits accrus à la minorité albanaise.
Pour autant, depuis, les manifestations n’ont pas cessé. En 2013, des rassemblements à Skopje avaient dégénéré en affrontements urbains généralisés entre des représentants des deux communautés. Au départ, les manifestants macédoniens entendaient protester contre la nomination d’un ancien commandant de l’UCK, Talat Xhaferi, au poste de ministre de la Défense.
L’actuelle coalition au pouvoir regroupe les nationalistes macédoniens de la VMRO-DPMNE et une formation regroupant les anciens combattants albanais, le Mouvement démocratique pour l’intégration (BDI). «L’accord de coalition ne repose sur aucune convergence politique. Il n’a jamais eu pour autre but que de satisfaire l’Union européenne, désireuse de voir un parti albanais associé au pouvoir», constate RFI.
«Les relations intercommunautaires représentent toujours un baril de poudre sur le point d’exploser. Le moindre incident suffit à mettre le feu aux poudres», rapporte le site francophone Courrier des Balkans.
Ces tensions interviennent dans un climat social difficile : «le chômage touche officiellement 30 % de la population active», et plus de 50 % des jeunes, note RFI.
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