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Les ministres de l'Intérieur des deux pays se sont entendus vendredi sur l'interprétation du traité de Schengen

La décision de Rome d'accorder des permis de séjour temporaires aux migrants tunisiens qui débarquent en Italie avait suscité l'ire de Paris.Jeudi, Claude Guéant avait à nouveau dénoncé la position italienne en déclarant que ces permis de séjour permettraient aux Tunisiens de circuler dans tout l'espace Schengen, donc en France.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Les ministres de l'Intérieur italien et français ont donné une conférence de presse vendredi sur les migrants tunisiens (AFP - GIUSEPPE CACACE)

La décision de Rome d'accorder des permis de séjour temporaires aux migrants tunisiens qui débarquent en Italie avait suscité l'ire de Paris.

Jeudi, Claude Guéant avait à nouveau dénoncé la position italienne en déclarant que ces permis de séjour permettraient aux Tunisiens de circuler dans tout l'espace Schengen, donc en France.

Depuis mi-janvier, 25.800 migrants, surtout des Tunisiens mais aussi des Africains venus de Libye, sont arrivés en Italie.

Interrogé à l'issue de la rencontre par quelques journalistes, Claude Guéant a affirmé avoir "trouvé un complet accord avec Roberto Maroni", le ministre de l'Intérieur italien, qui s'est lui-même dit "satisfait".

Pour circuler "à l'intérieur de l'espace Schengen, il ne suffit pas d'avoir une autorisation de séjour dans (un des Etats membres), encore faut-il avoir des documents d'identité et, surtout, justifier de ressources", avait affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur français, prévenant que la France n'entendait "pas subir une vague d'immigration" venue d'Italie.

Le malentendu s'est apparemment dissipé vendredi : "Nous avons trouvé un accord sur l'interprétation du traité de Schengen. Il est clair que l'autorisation de séjour que les Italiens vont délivrer permet la libre circulation", a complété Claude Guéant. "Mais cela a une limite dans le respect des conditions définies par le traité", s'est-il empressé de préciser, rappelant notamment qu'un document de voyage et des ressources minimales étaient nécessaires.

Patrouilles franco-italiennes au large des côtes tunisiennes

L'Italie et la France ont également décidé vendredi de patrouiller ensemble au large des côtes tunisiennes pour contenir l'afflux de migrants vers l'Europe. Cette surveillance devrait s'effectuer par des moyens aériens.

Une médiation proposée par les patronats français et italiens

Par ailleurs, Les patronats français et italien ont proposé vendredi à leurs gouvernements leur médiation pour aplanir les tensions qui opposent Rome et Paris sur l'immigration et sur le patriotisme économique.

"Une des idées est de promouvoir une rencontre entre notre gouvernement et le gouvernement français en présence du Medef et de Confindustria, dans un ou deux mois, pour tenter de revenir à de bonnes relations entre nos deux pays", a déclaré Emma Marcegaglia, présidente de Confindustria, principale organisation patronale italienne. Selon elle, cette réunion aurait lieu à Rome. Elle n'a pas précisé si elle aurait lieu à l'occasion du sommet franco-italien du 26 avril prévu entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi.

Critique de l'Allemagne
Le ministre allemand de l'Intérieur estime que l'Italie devait régler seule son problème de réfugiés, alors que le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi y voit "un problème européen".

Berlin juge la décision de l'Italie d'accorder des visas temporaires à des Tunisiens contraire à "l'esprit de Schengen" et va soulever la question à l'occasion d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Luxembourg.

Berlin compte renforcer les contrôles aux aéroports et aux frontières "en fonction de la situation, si nous remarquons un nombre significativement élevé d'arrivées", a précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

"Attitude indigne", dénonce le PS
Le PS a dénoncé vendredi "l'attitude indigne" de l'Italie et de la France à l'égard des migrants arrivés de Tunisie, et réclamé "une réponse concertée" de l'UE pour gérer l'afflux de migrants.

"En se renvoyant des migrants comme des marchandises indésirables, les gouvernements de Silvio Berlusconi et de Nicolas Sarkozy piétinent les valeurs de l'Europe et la dignité des personnes", écrit la secrétaire nationale à l'immigration, Sandrine Mazetier.

Accord italo-tunisien à l'origine du malentendu entre France et Italie

Depuis la chute du président Zine El Abidine Ben Ali à la mi-janvier, 25.800 migrants, surtout des Tunisiens mais aussi des Africains venus de Libye, ont débarqué en Italie. Face à cet afflux, le pays a conclu mardi un accord avec la Tunisie pour l'aider à se développer et à lutter contre l'immigration clandestine.

En échange des permis de séjour temporaires accordés aux migrants arrivés entre le 1er janvier et le 5 avril, jour de la signature de l'accord, Tunis est censé mieux contrôler son littoral et accepter le rapatriement immédiat des nouveaux immigrés arrivant en Italie.

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