Les «Diables rouges» peuvent-ils sauver l'unité de la Belgique ?
La dernière crise gouvernementale belge avait duré… 541 jours. La formation du prochain gouvernement sera-t-elle aussi longue ? Sans doute pas, mais dans ce pays où nationalistes flamands et wallons se regardent méfiants et où les réformes successives ont rendu l’Etat central de moins en moins important, les Belges semblent connaître une sorte d’union nationale grâce à leur équipe de football.
Les Echos notent qu’«au moment où une grande partie du pays est en rouge-jaune-noir pour encourager l’un des rares symboles d’unité du pays, l’équipe de football nationale, le fossé politique paraît lui au contraire se creuser entre les deux régions du pays».
Résultat : «Délaissés du public durant plusieurs années, les Diables Rouges sont aujourd’hui adulés. Leurs résultats sont bons, les stades sont combles et les supporters enthousiastes. Leur qualification pour le Brésil a même fait ressurgir un élan patriotique au nord et au sud du pays», notait la RTBF.
Les Diables rouges premiers de leur groupe
«Le football a un pouvoir fédérateur»
En pleine crise politique, Flamands et Wallons se retrouvent derrière le drapeau et l'hymne national. Les couleurs nationales sont partout et la Belgique vibre derrière l’entraîneur de son équipe, Marc Wilmots, un Francophone, aussi bien salué par la presse wallonne que par les journaux flamands. Il a su créer un groupe avec ses individualités, Hazard, Fellaini, Courtois... «Wilmots a fait du très bon boulot avec cette équipe belge. Il a bâti un groupe d’une vingtaine de joueurs de très haut niveau. Cette équipe belge a de la qualité, que ce soit sur le plan individuel que collectif», reconnaît en connaisseur l'entraîneur de l'équipe algérienne, Vahid Halilhodzic, première équipe opposée aux Belges.
Pour le politogue Pascal Delwit, qui relativise quand même l'effet à long terme de l'enthousiasme qui règne en Belgique, l'équipe de Belgique a un côté fédérateur : «Il y a des joueurs francophones et néerlandophones, mais aussi des joueurs de la deuxième ou troisième génération d’origines magrébine ou congolaise. C’est une bonne diversité.» M.Delwit assure que «le football a un pouvoir fédérateur qui nous permet de faire la fête ensemble. D’autant plus que cela intervient dans ce contexte de fragilité institutionnelle et économique.»
Mais si cet enthousiasme national masque un peu la crise politique, les observateurs relativisent le poids du football sur l'avenir institutionnel et politique du pays. «C’est un phénomène médiatique. Ca excite les gens. Mais ce ne sont pas les victoires des Diables qui vont décider de la Belgique», relativise le socioloque Marc Jacquemain.
Le politologue Jean-Michel De Waele (ULB) ne croit pas non plus à une influence de l’engouement pour les Diables sur le résultat des élections : «Si la seule chose qui nous accroche encore, c’est une équipe de football et si l’avenir du pays tient au fait qu’un gamin de 22 ans rate ou réussit un penalty, alors il y a quelque chose qui cloche», affirme-t-il. Quant au joueur Eden Hazard, il affirme sur Stade 2 «La Belgique n'est pas prête de se séparer quand on voit l'équipe nationale»... Cela suffira-t-il ? En tout cas en plein pays flamand, le King Kong du parc de loisirs Bobbejaanland, près d'Anvers, affiche déjà le drapeau belge pour soutenir les «Diables rouges».
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