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Les députés espagnols valident l'abdication du roi Juan Carlos

Les parlementaires espagnols ont adopté à une large majorité la loi sur l'abdication du roi Juan Carlos, qui laisse sa place à Felipe. Un référendum sur la monarchie n'est plus à l'ordre du jour.
Article rédigé par Agathe Ranc
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Le texte a été voté par une large majorité de parlementaires, le 11 juin © REUTERS / Andrea Comas)

Les députés espagnols ont voté : il n'y aura pas de référendum sur l'avenir de la monarchie. Ils ont également donné leur feu vert à une très large majorité à l'abdication du roi Juan Carlos, ouvrant la voie à l'avènement du prince Felipe, qui hérite d'une monarchie en pleine turbulence. Une fois que le Sénat aura approuvé le texte, le 17 juin, le nouveau souverain pourra donc prêter serment devant le Parlement.

Le scénario était inédit en Espagne. Comme le pays ne dispose pas de règles précises sur la succession du monarque, l'adoption d'un nouveau texte était nécessaire pour permettre la transition après que Juan Carlos, 76 ans, a annoncé qu’il renoncait au trône après 36 ans de règne

C'est à voix haute, debout, chacun leur tour, que les députés ont voté le texte (une demande du parti de gauche pro-républicain Izquierda Unida) après avoir rejeté les cinq amendements réclamant un référendum sur l'avenir de la monarchie. La loi d'abdication a été votée par par 299 voix pour, 19 contre et 23 abstention.

Le Parti populaire, de droite, au pouvoir, et le Parti Socialiste, qui occupent à eux deux 80% des sièges, ont massivement voté le texte après avoir écouté le chef du gouvernement Mariano Rajoy défendre "la monarchie comme meilleur symbole de l’unité de l’Etat ". Des voix dissonnantes se sont élevées dans l’hémicycle, notamment celles d’Izquierda Unida et des indépendantistes républicains catalans d’ERC qui ont rejeté le texte. Les nationalistes conservateurs catalans de CIU et les basques du PNV se sont quant à eux abstenus.

Les Espagnols demandent-ils vraiment la république ?

Le représentant d'Izquierda Unida, Cayo Lara, a qualifié la succession en cours de "sang neuf pour une dynastie en décrépitude ", tandis que les députés de son groupe levaient des pancartes"referéndum ya ", soit "un référendum maintenant ". Pendant le vote, quelques manifestants s'étaient réunis près du Congrès pour demander "Monarchie, abolition ", avant d'être repoussés par la police.

Si une minorité demande effectivement la fin de la monarchie, les Espagnols demandent surtout une plus grande participation en politique après les scandales de fin de règne de Juan Carlos et des affaires de corruption impliquant les politiques. Et ceux qui demandent la tenue d'un référendum ne remettent pas forcément en cause la monarchie, toujours associée à la fin du franquisme et au retour de la démocratie. Dimanche, le quotidien de centre gauche El Pais a publié un sondage indiquant que 62% des interrogés souhaitent un référendum. Et que s’ils devaient se prononçaient, 49% d'entre eux choisiraient une monarchie, contre 36% seulement pour une république. Selon un second sondage publié par El Mundo (centre droit), 55.7% des espagnols soutiennent la monarchie et 72.9% pensent que Felipe ferait un bon roi.

La république ne serait pas inédite en Espagne. La seconde, proclamée en 1931, a été balayée par la dictature franquiste après des années de guerre civile. A la mort de Franco, Juan Carlos monte sur le trône. Trois ans plus tard, en 1978, la constitution actuelle est approuvée par référendum. Aujourd’hui ce sont surtout des jeunes qui n’ont pas connu cette époque qui s’interrogent sur l’avenir de la monarchie.

Felipe, plutôt populaire, aura pour mission de redorer l’image de la couronne et maintenir l’unité nationale face aux séparatismes catalan et basque. Contrairement à l’avènement de Juan Carlos en 1975 il n’y aura ni invités étrangers ni célébration religieuse lors de l’investiture.

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