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Le Portugal augmente son quota de réfugiés dans l'espoir de se repeupler
Le Portugal se dit prêt à accueillir jusqu’à 10.000 réfugiés, à la fois pour soulager les pays d'Europe du nord confrontés à une forte pression migratoire mais surtout pour repeupler ses régions rurales désertées. Terre traditionnelle d'émigration, le pays enregistre le taux de natalité le plus bas d'Europe et doit faire face à un manque cruel de main-d'oeuvre pour relancer son économie.
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Au Portugal, les réfugiés ne se bousculent pas au portillon. Seuls 32 migrants se sont laissé convaincre, en novembre 2015, malgré les appels du pied de l’ambassadeur portugais en Grèce, Rui Alberto Tereno, dépêché dans un camp de réfugiés pour vanter les mérites de son pays.
Espérant avoir plus de succès auprès des migrants qui arrivent en Europe, l’Etat portugais propose depuis la mi-février 2016, dans une lettre adressée à la Grèce, l'Autriche, Italie et la Suède, d’accueillir jusqu’à 5.800 réfugiés supplémentaires par rapport au quota de 4.500 précédemment accepté par Lisbonne.
Le Premier ministre portugais, Antonio Costa, avait déjà fait une proposition identique à la chancelière allemande, lors d'un déplacement officiel, le 5 février 2016, à Berlin. «Il est injuste de faire peser sur Mme Merkel ce qui est un devoir de tous les dirigeants européens», avait alors déclaré l'ancien maire de Lisbonne.
The Minister President of Portugal, Antonio Costa with German chancellor Angela Merkel in Berlin. pic.twitter.com/8Vf9OpA2ng
— dagmar kielhorn (@dagmarkielhorn) February 5, 2016
Compenser une émigration massive
A Bruxelles, le 19 février 2016, M. Costa a fait valoir que le Portugal devait «donner l'exemple» et refuser «une Europe qui ferme ses frontières pour bloquer l'accès aux réfugiés».
#EUCO #Portugal #Costa @govpt on #UKinEU #migration https://t.co/JsVEkhJrlY
— EU Council TV News (@EUCouncilTVNews) February 20, 2016
Traditionnellement pays d'émigration, le Portugal a enregistré ces quatre dernières années 485.000 départs définitifs ou temporaires. Cette vague a touché plus fortement le nord et le centre du pays, régions frappées de plein fouet par la crise économique de 2008 qui a touché toute l'Europe.
«L'arrivée de réfugiés va bénéficier à des zones du pays désertifiées», estime la présidente du Conseil portugais pour les réfugiés (CPR), Teresa tito Morais. «Les Portugais sont habitués à émigrer et savent ce que c'est que de chercher ailleurs une vie meilleure. Cela facilite la compréhension de ces personnes qui accuillent», fait-elle valoir.
Accueillir des réfugiés pour repeupler les villages, les autorités locales de Bragança, une petite ville de 35.000 habitants au nord-est du Portugal, y avaient pensé dès septembre 2015.
Le précédent gouvernement de droite avait prévenu que le Portugal était «disposé à faire des sacrifices» pour accueillir des réfugiés, «mais sans remettre en cause l'effort de reprise économique et financière». Les quotas de la Commission européenne prévoyaient alors un accueil limité à 1.500 personnes.
Lisbonne avait renoncé à la dernière tranche du plan de sauvetage de 78 milliards qui lui avait été accordé, en mai 2011, en échange d'un programme d'austérité et de réformes pour réduire son déficit public. L'Etat lusitanien n'est plus en récession depuis mai 2014, mais son économie est toujours en convalescence.
«Des postes dont les Portugais ne veulent pas»
Plus ouverte sur la question migratoire, mais confrontée à un chômage de plus de 12%, la nouvelle coalition de gauche au pouvoir pose toutefois ses conditions. L'accueil sera réservé à 2.000 étudiants en université et à 800 élèves de la filière professionnelle, ainsi qu'à 2.500 et 3.000 réfugiés qualifiés dans les métiers de l'agriculture et de la forêt.
Ces secteurs, en manque de main d'oeuvre, se «voient aujourd'hui obligés de recruter des travailleurs du Vietnam ou de Thaïlande», selon Lisbonne. Il s'agit de «postes dont les Portugais ne veulent pas», a ajouté Mme Morais, faisant voler en éclat «le mythe des immigrants venus voler le travail des Portugais». Un thème d'extrême droite dans un pays où les manifestations anti-réfugiés restent très marginales.
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