Le mouvement des indignés sert dans toute l'Europe de relais à la jeunesse des autres pays
A Thessalonique (deuxième ville de Grèce), Ludmilla, jeune voyageuse française, militante des mouvements alternatifs, a trouvé refuge chez un des indignés grec.
Durant quelques jours, elle pourra découvrir la ville, tout en bénéficiant des conseils de ces alternatifs, qui créent un réseau de solidarité. Plongée dans les idées de ces anarchistes.
Ludmilla, frêle professeure des écoles, la petite vingtaine, n'a pas froid aux yeux. En arrivant, le 1er septembre à Thessalonique, le duo qu'elle forme avec un ami de toujours éclate. Chacun part de son côté; elle dort dans un parc. Elle est réveillée à 5h du matin par le bruit des jets d'eau.
Le lendemain, nourrie de ses idées humanistes, elle aborde dans la rue, un jeune homme portant des dreads locks, qui l'inspire. En anglais, elle lui explique qu'elle cherche un logement pour quelques jours. Iannis, un chercheur en biologie, accepte de l'héberger. Il lui donne un double des clés et lui demande en échange de garder son chiot de trois mois.
Durant son séjour, elle passe son temps dans les musées et partage ses soirées avec les amis de son logeur, qui font tous l'effort de parler en anglais. Bières pas chères, petits restos et discours sur les milles et unes manières de changer la vie.
Un peu à l'écart de l'Arc de Galère -construit (299-305) par cet empereur romain pour fêter la victoire contre les Perses-, devant des poivrons passés au four à la feta et des moules frites à l'huile, elle narre sa vie de jeune "passionaria" avide d'absolu: participation aux manifestations des indignés à Paris, à Tours. Elle était présente au mois de mai, place de la Bastille, lorsque la police les a évacué des tentes : "Je n'ai pas peur car nous sommes pour la non- violence absolue. Il y a très, très peu de débordements".
Elle était aussi présente en banlieue parisienne lorsque des indignés ont remplis des caddys dans un supermarché et les ont sortis. Les policiers sont intervenus. Comme ces néo-Robin des bois bloquaient les caisses, les responsables les ont laissés faire. Distribution des vivres à des immigrés qui étaient venus. Des petits africains scandaient: "Libérer nos camarades". "C'était émouvant", dit-elle
Parlant de la famille, elle affirme: "Je n'en veux pas". L'avenir de la société lui paraît singulièrement sombre, nucléaire, pollution, problèmes d'eau, etc... Elle pense que l'humanité n'a plus que quelques générations devant elle.
Ses bonheurs du moment: le festival d'Aurillac et ses spectacles de rue gratuits avec une sacrée ambiance, un refuge en Dordogne où deux femmes élèvent des poulains et pensent monter une structure pour accueillir des personnes âgées. Le lieu est ouvert aux amis d'amis qui se retrouvent dans une yourte, mangent de bons légumes et affrontent vaillamment la nuit avec des bières. Son métier, dont elle s'est mise en disponibilité, peut lui permettre d'envisager une vie de ce type.
Ce soir, le 5 septembre, les indignés ont prévu trois concerts de rock dans différents quartiers de Thessalonique. Demain, une amie de Iannis doit l'emmener se baigner à une douzaine de km de là. La vie continue. L'espoir ne fait que commencer.
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