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Rejet de l'accord sur le Brexit : "Pour le commerce, c'est extrêmement mauvais"

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Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
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Arnaud Vaissié, président international des chambres de commerce françaises à l’étranger, a réagi sur franceinfo mercredi au rejet de l'accord sur le Brexit par le Parlement britannique. 

"Pour le commerce c'est extrêmement mauvais", a réagi mercredi 16 janvier sur franceinfo, Arnaud Vaissié, président international des chambres de commerce françaises à l’étranger, après la lourde défaite infligée par le Parlement britannique à Theresa May. Les députés ont rejeté mardi l'accord sur le Brexit par 432 voix contre 202 pour. "Pour nous c'est très gênant, c'est notre premier excédent commercial, avec 10 milliards d'euros", a-t-il poursuivi. "Si au 29 mars il y a une sortie sans accord, c'est une vraie catastrophe pour tout le monde".

franceinfo : Le rejet de l'accord sur le Brexit par le Parlement britannique c'était le scénario le plus attendu. C'était aussi votre hantise ?

Arnaud Vaissié : Non, ce qui s'est passé hier ouvre des perspectives en fait, parce que la valeur de la livre a monté alors que la fois dernière juste avant Noël quand le vote avait été repoussé, la livre avait baissé. C'est paradoxal, mais cela veut dire que les marchés pensent qu'il y a une chance que la Grande-Bretagne négocie, soit reste dans l'Union européenne, ou négocie un accord de libre-échange. Cette défaite est inouïe, car elle est d'une violence incroyable. La Première ministre va rester car sa majorité continue tout de même de la soutenir. Les conservateurs ne veulent pas voir les travaillistes et Jeremy Corbyn au pouvoir, ils n'ont pas d'alternative. Les Irlandais qui soutiennent ce gouvernement ne veulent pas de [Jeremy] Corbyn. Je pense que maintenant il va y avoir un retard dans l'article 50, on imagine mal qu'ils partent le 29 mars sans accord du tout.

De quelle manière cette situation pèse-t-elle sur le commerce franco-britannique notamment ?

Pour nous c'est très gênant, c'est notre premier excédent commercial, 10 milliards d'euros, ce n'est pas de chance que ce soit le pays avec lequel on a le plus d'excédent qui soit le pays qui ait ce problème d'accès à l'Union européenne. Donc pour le commerce c'est extrêmement mauvais. Cependant, beaucoup d'entreprises se sont adaptées, préparées. Depuis très longtemps, elles se sont préparées au pire. Ceux qui sont les plus inquiets ce sont les citoyens européens qui vivent en Grande-Bretagne car sur le plan administratif de leur séjour au Royaume-Uni, les choses ne sont pas claires. Il ne devrait pas y avoir d'incidents forts, mais il risque d'y avoir une pagaille considérable après le 29 mars.

En France, les grandes entreprises sont prêtes. Mais ce sera plus compliqué pour les plus petites ?

Personne n'est prêt complètement puisque la situation est tellement opaque. On sent quand même dans tous les commentaires que le scénario d'une Grande-Bretagne, qui soit repousse la date de sortie, ou réenvisage un accord plus fort, les chances de ce scénario augmentent. Si au 29 mars il y a une sortie sans accord, c'est une vraie catastrophe pour tout le monde. Dans ce cas-là, on revient sur des droits de douane de 10%, des contrôles de normes. On ne peut pas imaginer que même dans le cas d'un départ, il n'y ait pas un essai pour créer une période de transition afin de travailler vraiment à la mise en place de ces mesures qui n'ont pas été prises parce que personne ne croit à une sortie réelle et complète du Royaume-Uni. Il n'y a pas une majorité au Parlement pour sortir de l'Union européenne. Cela paraîtrait extraordinaire qu'une Première ministre complètement affaiblie qui vient de perdre un vote historique comme ce n'est jamais arrivé dans l'histoire britannique emmène son pays à la sortie de l'Union européenne. Ce dont ont besoin les entreprises, petites comme grandes, aujourd'hui c'est de stabilité. Or aujourd'hui, la situation est complètement opaque.

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