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Post-Brexit : voyages, études, prix des produits... Ce qui va changer dans votre quotidien cette année

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Deux bateaux en papier surmontés des drapeaux européen et britannique, le 20 juillet 2020. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP)

Le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne est devenu effectif à 23 heures, heure britannique, jeudi. Cela signifie quelques changements importants pour les Français.

Au 1er janvier, les choses changent." Comme le rappelle le gouvernement français sur son site dédié au Brexit, la fin de la période de transition qui a suivi la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) va avoir des conséquences pour les Français. Ainsi, dès les premières heures de 2021, les modalités pour s'installer ou étudier outre-Manche évoluent. Pour les voyages dans les îles britanniques, c'est à partir de 1er octobre que les démarches ne seront plus les mêmes. A l'heure du divorce effectif entre Londres et Bruxelles, franceinfo s'est demandé ce qui va concrètement changer.

Est-ce que je peux encore entrer au Royaume-Uni avec ma carte d'identité ?

Oui, jusqu'au 1er octobre 2021, vous pourrez vous rendre outre-Manche avec une carte d'identité en cours de validité. En revanche, après cette date, il vous faudra impérativement un passeport pour passer la frontière. "Les règles de la libre circulation ne s'appliqueront plus à destination et en provenance du Royaume-Uni", indique le gouvernement sur son site internet, ce qui signifie que les formalités à la frontière seront rétablies dans les deux sens. 

Les citoyens de l'UE seront exemptés de visa pour les séjours touristiques de courte durée. Vous pourrez également vous en passer pour "les simples visites professionnelles, formations, conférences, séminaires, workshops", assure l'exécutif français. Mais un titre de séjour sera obligatoire pour les déplacements professionnels ou les autres voyages dont la durée sera supérieure à six mois.

Et pour les ressortissants britanniques qui veulent voyager en France ?

Premier changement au passage de la frontière : il faudra emprunter la file "ressortissant de pays tiers", et non plus celle des citoyens européens, pour le contrôle des passeports. Pour les voyages de courte durée (moins de 90 jours pour toute période de 180 jours), il sera nécessaire de présenter cette pièce d'identité, ainsi qu'une attestation d'assurance santé couvrant "l'ensemble des dépenses médicales, hospitalières et de décès, susceptibles d'être engagées" pendant le séjour, explique le gouvernement français

Mon permis français sera-t-il suffisant pour conduire outre-Manche ?

Pour l'instant, ce point reste flou... "Si vous visitez le Royaume-Uni après le 1er janvier 2021, vous devriez pouvoir conduire avec votre permis français accompagné d'une traduction anglaise, peut-on lire sur le site du gouvernementCe point est cependant toujours en négociation et le permis de conduire international pourrait être exigé pour conduire au Royaume-Uni."

Est-ce qu'il sera interdit de rapporter certains produits britanniques en France ?

La réponse est oui, et cela commence par ne pas embarquer dans votre sac un sandwich jambon-fromage produit au Royaume-Uni. Vous pensez que c'est une blague ? Pas du tout. "A partir du 1er janvier 2021, vous ne pourrez pas introduire dans l'UE des produits d'origine animale contenant de la viande ou un produit laitier", a annoncé le gouvernement britannique. Cela concerne donc le pâté, le saucisson, le beurre ou encore le yaourt. Cette interdiction vise à éviter l'introduction de maladies animales infectieuses sur le territoire européen, ces produits étant susceptibles de véhiculer des agents pathogènes.

Des exceptions sont toutefois prévues pour le lait en poudre et les aliments pour nourrissons, le miel, les escargots, ainsi que pour les aliments spéciaux pour animaux de compagnie requis pour des raisons médicales, en quantité limitée (jusqu'à deux kilogrammes par personne).

Les prix de la marmelade et des scones vont-ils augmenter ?

C'est bien possible. Certes, grâce à l'accord qui a été conclu jeudi entre Londres et Bruxelles, le Royaume-Uni bénéficie d'un accès inédit, sans droits de douane ni quotas, pour "tous les biens qui respectent les règles d'origine appropriées". Du jamais-vu pour un traité régissant les relations commerciales. 

Toutefois, d'autres coûts vont s'ajouter au prix des produits exportés, assure Alban Maggiar, délégué aux affaires européennes de la Confédération des petites et moyennes entreprises. "Le Royaume-Uni va devenir un pays tiers, donc il va falloir mettre en place un certain nombre de formalités qui sont assez lourdes", détaille-t-il sur BFMTV. "On en arrive à un poids administratif qui est extrêmement élevé et ça veut dire que c'est des coûts additionnels pour toutes les entreprises et en particulier les PME", insiste-t-il. Selon la chaîne d'information, certains économistes estiment que cela pourrait se traduire par une augmentation de 5% des prix des produits exportés.

Qu'est-ce qui va changer pour les expatriés français ?

Si vous êtes installés au Royaume-Uni avant le 31 décembre 2020, vous pourrez bénéficier d'un dispositif spécial pour obtenir votre statut de résident ("settled status" ou "pre-settled status"). Vous aurez jusqu'au 30 juin 2021 pour faire votre demande en ligne (contenu en anglais). Si vous ne recevez aucun courrier à l'issue de la procédure, pas de panique. C'est normal, la procédure est entièrement dématérialisée, détaille le site du gouvernement français.

Si vous souhaitez vous installer outre-Manche en 2021, "les conditions applicables sont celles fixées par la nouvelle loi britannique sur l'immigration, qui ne fait pas de distinction entre les ressortissants européens et ceux des autres Etats tiers", ajoute l'exécutif. En clair, vous devrez faire les démarches nécessaires auprès des autorités britanniques pour obtenir un visa ou un titre de séjour.

Et pour les Britanniques installés (ou qui veulent s'installer) en France ?

A partir du 1er octobre 2021, les Britanniques devront impérativement avoir un titre de séjour pour résider en France. Ceux qui y étaient déjà installés avant le 31 décembre ont jusqu'au 1er juillet 2021 pour effectuer les démarches et obtiendront un titre de séjour où il est inscrit la mention "accord de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne", précise le gouvernement français. Ceux qui s'installeront à partir de janvier 2021 "devront solliciter un titre de séjour de droit commun en préfecture". Précision importante : ces titres de séjour permettront de circuler dans les autres Etats de l'espace Schengen, pour des périodes ne dépassant pas trois mois.

Pour les étudiants inscrits au Royaume-Uni, qu'est-ce qui change au 1er janvier ?

Tout dépend de votre date d'arrivée. Pour les étudiants inscrits dans un établissement britannique avant le 31 décembre et qui souhaitent y continuer leurs études, les autorités britanniques conseillent de s'inscrire pour obtenir le statut "pre-settled" du "settlement scheme for EU citizens". Cela permettra d'éviter des démarches administratives de visa et les coûts qui y sont liés.

Pour ceux qui commenceront leur cursus après le 1er janvier, vous devrez obtenir un visa étudiant (contenu en anglais), moyennant la somme de 350 livres sterling (390 euros), si vous étudiez plus de six mois au Royaume-Uni. Vous devrez également vous acquitter d'environ 500 livres (557 euros) par an pour bénéficier du service de santé publique, le NHS, précise l'AFP. L'obtention d'un visa ne sera possible qu'à trois conditions : être accepté dans un établissement d'enseignement supérieur britannique ; parler, lire et comprendre l'anglais ; être capable de financer son séjour d'études au Royaume-Uni.

Sur ce dernier point, le gouvernement français rappelle que vous devrez payer des "frais de scolarité majorés applicables aux étudiants internationaux", sauf en cas d'échange prévu dans le cadre d'un partenariat entre une université française et une université britannique. Selon les termes de l'accord trouvé jeudi 24 décembre, les étudiants britanniques vont par ailleurs quitter le programme d'échange Erasmus, a annoncé le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier.

Quelles seront les conditions pour travailler au Royaume-Uni ? 

Pour s'installer outre-Manche après le 1er janvier, il faudra obtenir un visa de travail via un système de points. Il faudra 70 points en tout : parler anglais rapporte 10 points, avoir une offre d'emploi 20 points, des compétences recherchées 20 points, un salaire annuel de plus de 30 000 euros, 20 points, etc., détaille le site du gouvernement britannique.

Les travailleurs du secteur de la santé qui disposent d'une proposition d'emploi du NHS (le service de santé britannique), du secteur de l'aide sociale ou d'employeurs et d'organismes qui fournissent des services au NHS, pourront postuler à un type de visa propre au secteur, tandis que le visa "Talent international" permettra "aux personnes les plus qualifiées de venir au Royaume-Uni sans proposition de travail". Entrent dans cette catégorie les dirigeants internationaux reconnus, les "leaders de demain en sciences, sciences humaines, ingénierie, arts et technologie numérique", ainsi que "les talents uniques des personnes enrichissant les connaissances, l'économie et la société du Royaume-Uni". 

Les sportifs et les acteurs du monde de la culture qui souhaiteront travailler temporairement au Royaume-Uni (par exemple dans le cadre d'un tournage ou d'une résidence d'artistes) le pourront sous certaines conditions. S'ils restent plus de trois mois outre-Manche, ils devront notamment obtenir un visa spécifique (dit de Tier 5). 

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