Davantage de paperasse et de coups de fil : deux mois après, le Brexit complique la vie de certaines entreprises anglaises
À Londres, le Brexit engendre une augmentation des formalités administratives en entreprise. Faire du commerce avec l'Europe est devenu plus difficile.
Les journées sont bien plus longues et les prises de tête beaucoup plus nombreuses : c’est en résumé ce que le Brexit a changé dans les affaires de Valéry Démure. Cette Française, installée à Londres depuis 27 ans, représente et vend les bijoux d’une vingtaine de créateurs. Depuis deux mois, importer ou exporter des marchandises avec l’Europe est devenu compliqué. Alors Valéry et Éloïse, sa collaboratrice, s’arrachent les cheveux. "Quand on vend à des clients différents, européens, on doit tout examiner pays par pays, indique Éloïse. Quand vous savez que pour un bijou, certaines parties viennent de pays différents: les pierres, les perles, le métal... ça c’est un problème."
Le 1er janvier dernier, le Royaume-Uni quittait le marché commun. Deux mois après l'entrée en vigueur du Brexit, côté britannique, difficile de voir les avantages. Plusieurs corporations ont déjà pointé en revanche les inconvénients : les musiciens, les pêcheurs, les professionnels de la mode. Ils ont tous alerté le gouvernement sur leurs difficultés.
Ces complications sont d’autant plus agaçantes pour les six employés de cette compagnie de Valéry Démure qu’il n’y a pas de mode d’emploi. Pas de feuille de route ou d’explications claires de la part des autorités. Éloïse passe un temps considérable au téléphone avec les fournisseurs, les clients, la douane et parfois, personne n’a la solution. "On ne sait pas comment on doit faire, regrette-t-elle. Il n’y a pas beaucoup de détails de la part du gouvernement. Plus de paperasse, plus de coups de fil, plus de règles que l’on découvre et dont la plupart ne sont pas encore écrites."
" Des formalités remplies auparavant en quelques heures prennent au minimum deux jours désormais."
Éloïseà franceinfo
Quand elle s’est installée à Londres, Valéry arrivait de Lyon, une ville qu’elle trouvait trop fermée. Elle a tout de suite aimé la vie dans la capitale britannique, ville cosmopolite où tout semblait possible. Aujourd’hui, sa société pâtit du Brexit mais elle trouve que l’ambiance même dans le pays a changé. "L’Angleterre en ce moment est nationaliste et d’extrême droite, estime-t-elle. J’ai vécu des situations pendant les trois dernières années que je n’ai jamais vécues avant, où je me suis sentie étrangère. Ce qui se passe est inquiétant." Valéry Démure parle d’amis européens qui ont choisi de quitter Londres ces derniers mois. Cette idée, elle l’avoue, lui trotte dans la tête, pour son business et aussi pour sa vie de tous les jours.
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