L'infatigable tribun commencerait-ilà s'user ? La salle de meeting n'était pas immense et Silvio Berlusconigardait sa profession de foi sous les yeux, a noté l'envoyée spéciale de FranceInfo. En cas d'un éventuel trou de mémoire ? Lors de ce dernier rassemblementde campagne avant l'élection des 24 et 25 février, Silvio Berlusconi a tout de même offert pendant une heure et demie un florilègede ses arguments de campagne.Ces principales cibles : la chancelièreallemande Angela Merkel, grande prêtresse de l'austérité, et le président duConseil italien, l'ancien commissaire européen Mario Monti au pouvoir depuisnovembre 2011. Pier LuigiBersani du Centre Gauche a aussi eu droit à sa petite phrase : "N'oubliez jamais que lagauche a ses racines dans l'idéologie communiste, cruelle, elle n'a jamaischangé, ce sont les idées les plus inhumaines de l'histoire de l'homme", a classiquement fustigé le Cavaliere."Nipaillettes ni danseuses, à peine quelques blagues" , a encore remarquéMathilde Lemaire. Comme s'il tentait de faire oublier les scandales sexuels etses déboires judiciaires, Silvio Berlusconi a soigné son retour misant sur la sobriété. Après sondépart sous les huées le 12 novembre 2011, son come back a été d'une efficacitéredoutable. Février 2013, parti en campagne quelquesmois plus tôt avec autour de 18% des intentions de vote, il effectue uneremontée spectaculaire à 28,5%, ramenant l'écart avec la gauche à quatre oucinq petits points."Ses propositions de baisser les impôts qui nous écrasent, ça c'est bien" (Enza, 63 ans)Sa recette de marketing électoral ? Son éternel culot. Celui qui lui permet d'affirmer un jour que son successeur et désormais rival Mario Monti a "plongé l'Italie dans la récession" et le lendemain qu'il pourrait voter pour lui. Et qui lui fait promettre de supprimer la taxe foncière et de rembourser dès leprintemps par chèque postal celle qu'ont versé les Italiens l'an passé.A la sortie du meeting milanais on trouve les irréductibles fans comme Enza 63ans qui s'est confiée à Mathilde Lemaire. "Je l'ai trouvé en forme commetoujours. Il a la pêche, bien plus que des jeunes et puis ses propositions debaisser les impôts qui nous écrasent, ça c'est bien" , se réjouit-elle."Il est fatigué, ce n'est plus le grand Silvio" (Francesco, 21 ans)Mais leculot suffira-t-il ? Car Mathilde Lemaire a aussi croisé des désillusionnés, àl'image de Francesco, 21 ans : "Il est fatigué, ce n'est plus le grandSilvio. Et puis il y a eu l'affaire Ruby alors dimanche ce n'est pas pour luidirectement que je voterai mais pour la coalition de droite. J'ai déjà eu plusde conviction c'est sûr, pareil pour ma famille, on va voter pour son parti, paspossible de voter à gauche mais on aurait préféré de nouveaux visages et plusd'unité" .Berlusconia fait alliance avec la Ligue du Nord si puissante en Lombardie, cette région donton pourrait comparer le poids à l'Ohio dans la présidentielle américaine : larégion qui peut tout faire basculer. S'il y a "peu de chance que lacoalition de droite l'emporte à la Chambre des députés" , note MathildeLemaire, elle pourrait en revanche "jouer les troubles fête au Sénat et empêcherla gauche de gouverner" . "Berlusconi ne peut plus régner mais il peutencore paralyser la politique italienne" , constate notre envoyée spécialeen Italie.