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Italie : l'ultime come-back de Silvio Berlusconi ?

REPORTAGE | Malgré la remontée de Silvio Berlusconi au fil des semaines dans les sondages, le centre gauche est donné favori pour dimanche et lundi, jours de scrutin. Celui qui a dû remettre sa démission fin 2011, et se trouve dans la spirale de scandales érotico-financiers semble animé par l'énergie de la survie. L'envoyée spéciale de France Info en Italie, Mathilde Lemaire, a assisté à l'un de ses derniers meetings.
Article rédigé par Caroline Caldier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Remo Casilli Reuters)

L'infatigable tribun commencerait-il
à s'user ? La salle de meeting n'était pas immense et Silvio Berlusconi
gardait sa profession de foi sous les yeux, a noté l'envoyée spéciale de France
Info. En cas d'un éventuel trou de mémoire ? Lors de ce dernier rassemblement
de campagne avant l'élection des 24 et 25 février, Silvio Berlusconi a tout de même offert pendant une heure et demie un florilège
de ses arguments de campagne.

Ces principales cibles : la chancelière
allemande Angela Merkel, grande prêtresse de l'austérité, et le président du
Conseil italien, l'ancien commissaire européen Mario Monti au pouvoir depuis
novembre 2011. Pier Luigi
Bersani du Centre Gauche a aussi eu droit à sa petite phrase : "N'oubliez jamais que la
gauche a ses racines dans l'idéologie communiste, cruelle, elle n'a jamais
changé, ce sont les idées les plus inhumaines de l'histoire de l'homme",
a classiquement fustigé le Cavaliere.

"Ni
paillettes ni danseuses, à peine quelques blagues"
, a encore remarqué
Mathilde Lemaire. Comme s'il tentait de faire oublier les scandales sexuels et
ses déboires judiciaires, Silvio Berlusconi a soigné son retour misant sur la sobriété. Après son
départ sous les huées le 12 novembre 2011
, son come back a été d'une efficacité
redoutable. Février 2013, parti en campagne quelques
mois plus tôt avec autour de 18% des intentions de vote, il effectue une
remontée spectaculaire à 28,5%, ramenant l'écart avec la gauche à quatre ou
cinq petits points.

"Ses propositions de baisser les impôts qui nous écrasent, ça c'est bien" (Enza, 63 ans)

Sa recette de marketing électoral ? Son éternel culot. Celui qui lui permet d'affirmer un jour que son successeur et désormais rival Mario Monti a "plongé l'Italie dans la récession" et le lendemain qu'il pourrait voter pour lui. Et qui lui fait promettre de supprimer la taxe foncière et de rembourser dès le
printemps par chèque postal celle qu'ont versé les Italiens l'an passé.
A la sortie du meeting milanais on trouve les irréductibles fans comme Enza 63
ans qui s'est confiée à Mathilde Lemaire. "Je l'ai trouvé en forme comme
toujours. Il a la pêche, bien plus que des jeunes et puis ses propositions de
baisser les impôts qui nous écrasent, ça c'est bien"
, se réjouit-elle.

"Il est fatigué, ce n'est plus le grand Silvio" (Francesco, 21 ans)

Mais le
culot suffira-t-il ? Car Mathilde Lemaire a aussi croisé des désillusionnés, à
l'image de Francesco, 21 ans : "Il est fatigué, ce n'est plus le grand
Silvio. Et puis il y a eu l'affaire Ruby alors dimanche ce n'est pas pour lui
directement que je voterai mais pour la coalition de droite. J'ai déjà eu plus
de conviction c'est sûr, pareil pour ma famille, on va voter pour son parti, pas
possible de voter à gauche mais on aurait préféré de nouveaux visages et plus
d'unité"
.

Berlusconi
a fait alliance avec la Ligue du Nord si puissante en Lombardie, cette région dont
on pourrait comparer le poids à l'Ohio dans la présidentielle américaine : la
région qui peut tout faire basculer. S'il y a "peu de chance que la
coalition de droite l'emporte à la Chambre des députés"
, note Mathilde
Lemaire, elle pourrait en revanche "jouer les troubles fête au Sénat et empêcher
la gauche de gouverner"
. "Berlusconi ne peut plus régner mais il peut
encore paralyser la politique italienne"
, constate notre envoyée spéciale
en Italie.

 

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