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Islande : qu’elle est verte mon électricité !

Tous les pays n’ont pas la chance de danser sur des volcans aux noms imprononçables comme l’Islande. Mais la petite île située dans l’Atlantique nord tire de cette originalité géologique la possibilité de produire 100% de son électricité à partir de sources renouvelables comme l’hydraulique ou la géothermie. De plus, 9 habitations sur 10 sont chauffées directement par l’énergie thermique.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le célèbre «Blue Lagoon» islandais provient de l'exploitation géothermique qui fournit près de 30% de l'électricité du pays. (GERALD MORAND / ONLY WORLD / Only France)

100% renouvelable. L’Islande l’a fait, mais grâce à une population réduite (338.000 habitants) et une géographie exceptionnelle. Terre boréale (11% du pays sont couverts de glaciers, d'où de nombreux cours d'eau équipés de barrages) riche en geysers, sources chaudes et fumerolles, l'Islande est l'un des pays les plus actifs de la planète du point de vue géologique et jusqu'à présent le seul au monde doté d'une électricité 100% verte: 25% provient de la géothermie, et le reste, des barrages hydroélectriques.

A l’image du Lagon bleu, station thermale dont les eaux bleues fumantes ont attiré 1,1 million de touristes en 2016, la décision de recourir massivement à la géothermie remonte aux années 70 et aux chocs pétroliers. Auparavant, la moitié de la population de l'île se chauffait grâce au pétrole.

 Classement des pays en fonctions de la part du renouvelable dans la production d'électricité (energies-renouvelables.org)

Un puits de 4,5km de profondeur
Aujourd’hui, l’Islande tente d’aller plus loin en allant chercher la chaleur située dans les entrailles de la terre. Le projet vise a accroître la puissance et l'efficacité de la géothermie. Les Islandais creusent un puits de quelque 4,5 km de profondeur pour tenter d'exploiter l'énergie géothermique sans fin que l'on trouve à l'intérieur de notre planète. «Dans un puits géothermique standard, les températures peuvent atteindre 250 degrés Celsius, produisant environ 5 mégawatts de puissance, tandis que la température du nouveau puits atteint plus de 426 degrés Celsius», détaille un magazine européen consacré à l'innovation


«Nous pourrions obtenir cinq à dix fois plus d'énergie qu'avec un puits conventionnel», explique, casque de sécurité vissé sur le chef, Albert Albertsson pour l'électricien islandais HS Orka et le consortium Iceland Deep Drilling Project. Lequel regroupe trois producteurs d'énergie et l'Autorité nationale de l'énergie.
 
Et pourtant l’Islande va avoir du mal à respecter les accords internationaix
Pourtant, cette énergie verte n'est pas aussi verte que certains voudraient. «Ce n'est pas une énergie complètement verte. Dès que vous forez, vous avez de la pollution au souffre et des émissions de CO2», avance Martin Norman, spécialiste du financement durable chez Greenpeace. La géothermie est cependant toujours «préférable au gaz, au charbon et au pétrole», reconnaît-il. 
 
Mais la production d'électricité n'est pas la seule industrie potentiellement consommatrice d'éléments fossiles. Et en Islande comme ailleurs, certains secteurs se montrent voraces en terme d'énergie dans un pays qui a retrouvé la croissance après une crise très dure. Martin Norman relève que l'Islande se targue d'être à la pointe des énergies renouvelables alors «qu'elle est loin de remplir les objectifs» internationaux en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Des charters à la chaîne
Un rapport publié en février 2017 par l'Institut des études économiques de l'Université d'Islande indique que le pays ne sera pas en mesure de respecter les accords de la COP21 signés à Paris. De fait, les émissions de CO2 ne cessent d’augmenter.

La faute aux industries lourdes énergivores (aluminium, silicium) et au tourisme, nouvelle poule aux oeufs d'or de l'Islande, qui s'attend à accueillir plus de deux millions de visiteurs étrangers cette année pour une population de 338.000 habitants. Les charters atterrissent à la chaîne, les autocars éructants sillonnent les plateaux de l'intérieur, les quads et puissants 4x4 retournent impunément les étendues de basalte et de lave noire, les hôtels poussent comme des verrues dans la capitale...

Pourtant, le pays reste un exemple, «l’industrie énergétique de l’Islande a participé à des projets géothermiques dans plus de 50 pays et continue d’être très active dans le monde. Un exemple de cet engagement est la construction en Chine du système de chauffage urbain par géothermie le plus vaste au monde qui dessert plus d’un million de consommateurs », note un texte de l’ONU. Plus concrètement, la géothermie islandaise pourrait chauffer le Royaume-Uni. Pour transporter cette énergie, le projet Icelink imagine la construction d’un câble sous-marin d’une longueur record : plus de 1 000km entre les côtes islandaises et celles du Royaume. 

Le projet Icelink vise à relier l'Islande et le Royaume-Uni par un cable électrique sous-marin (en rouge sur la carte). Le Royaume-Uni importerait de l'électricité 100% renouvelable produite par l'Islande. (landsvirkjun)

La ministre de l'Environnement Björt Olafsdottir nuance ce tableau un peu sombre concernant la consommation d'énergie. «Si nous ne faisons rien, si nous ne prenons pas des mesures énergiques, nous n'atteindrons pas les objectifs de Paris, mais l'inaction n'est pas notre ambition», affirme-t-elle. Les taxes sur les émissions de CO2 ont été doublées par l'actuel gouvernement, et les incitations financières au bénéfice des industries polluantes ont été supprimées, fait-elle valoir.
 
A terme, l'Islande ambitionne par ailleurs de réduire sa dépendance aux hydrocarbures en faisant le pari d'un parc automobile à 100% électrique. D’origine renouvelable !

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