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Irlande: facturation de l’eau, la goutte qui fait déborder le vase

Le gouvernement de Dublin, qui a décidé de taxer l’eau du robinet au 1er janvier 2015, alors qu’elle était gratuite auparavant, pourrait le payer cher dans les urnes. Depuis plusieurs mois, en effet, les Irlandais ne décolèrent pas et l’expriment dans la rue.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dublin, en Irlande, le 10 décembre 2014. Appelé «Right2Water», le mouvement de protestation des Irlandais contre la taxation de l'eau. (Cathal Noonan / Agence Anadolu)

La cure d’austérité imposée depuis des années en Irlande (30 milliards d'euros de mesures d'économie prises depuis le déclenchement de la crise financière, il y a 6 ans) a été vécue avec plus ou moins de bonheur, mais sans grands mouvements de protestation, comme ce fut le cas dans d’autres pays de l’UE.
 
Mais aujourd’hui, la facturation de l’eau qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2015 a mis le feu aux poudres. Et soulevé la colère inattendue des habitants de l'île. C’est ainsi que plusieurs manifestations, sous l'appellation #Right2Water, réclamant l’annulation pure et simple de cette décision, ont eu lieu durant l'automne. La dernière a eu lieu le 10 décembre devant le Parlement de Dublin et a réuni entre 30.000 et 100.000 personnes, selon les sources.

Les Irlandais ont défilé à Dublin, près de Leinster House sur Merrion Square, le 10 décembre 2014. Ils dénoncent la facturation de l'eau, jusque-là gratuite. (Cathal Noonan / Agence Anadolu)
 
Très mal vécue, cette mesure a également généré une crispation. Auparavant financée par les impôts et gérée par les autorités locales, la distribution de l'eau a été transférée à Irish Water, société semi-publique créée récemment. Les Irlandais, qui en redoutent la privatisation, ont également découvert qu’Irish Water a rémunéré grassement des entreprises de conseil et distribué des bonus à ses salariés.
 
Pour sauver son économie de la faillite, Dublin s'était engagé à introduire cette réforme dans le cadre du plan d'aide financière du Fonds monétaire international et de l'Union européenne adopté en 2010. Aujourd’hui, le gouvernement irlandais refuse d’abandonner cette réforme qui doit mettre fin à une exception au sein de l'UE remontant à 1997.

Le gouvernement risque de payer l'addition
Reprise par l’AFP, la députée socialiste Ruth Coppinger s’interroge : «Cette nouvelle ponction a été annoncée alors que le gouvernement ne cesse de clamer que nous sommes en période de reprise. Si c'est la reprise, alors pourquoi continuer à mettre en place des mesures d'austérité et des impôts?»
 


Cette mesure impopulaire met à mal le gouvernement de coalition (alliance du parti de centre-droit Fine Gael du Premier ministre Enda Kenny et des travaillistes du Labour) : en chute libre dans les sondages, il pourrait bien perdre les législatives de 2016.
 
Dans un pays qui compte 10,7% de chômeurs, beaucoup d'Irlandais ne bénéficient pas de l’embellie due à une croissance économique retrouvée. Et Dublin a eu beau «rétropédaler» en novembre, en renonçant à faire payer au mètre cube d’eau consommé, ramenant la facture dans une fourchette comprise entre 60 et 160 euros par foyer, les Irlandais n’ont rien voulu entendre.
 
Les opposants à cette taxe ont lancé une nouvelle offensive. Il s'agit cette fois d'un appel au boycott des factures, dont les premières devraient parvenir aux Irlandais en avril. Le gouvernement n’en a donc pas encore fini avec cette histoire d’eau !

Levée de boucliers sur Twitter
LETS NOT FORGET WE HAVE THE RIGHT AND WE HAVE THE POWER TO MAKE CHANGE IN 2015 #right2water #GE2015 pic.twitter.com/LZBVCBHoEN

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