Grèce : une eurodéputée dénonce "une crise humanitaire"
Depuis 2009, quand on parle de la Grèce, on aligne les chiffres. Toujours négatifs ou désastreux : dette insurmontable, chômage record de l’UE, plans de sauvetage aux montants hallucinants, annonces de coupes drastiques dans les budgets de l’Etat.
Aujourd’hui la Grèce n’est pas sortie du gouffre. La vie des Grecs est conditionnée par les mesures imposées au gouvernement par ses bailleurs de fond : la fameuse « troïka » regroupant la BCE, la Commission européenne et le FMI.
La troïka, dont la légitimité est aujourd’hui largement remise en cause, est perçue en Grèce comme l’émanation d’une administration brutale, imposant l’austérité à tout prix.
« Les hommes en noir » ne se préoccupent pas des conséquences de ces politiques sur la population grecque. Pourtant, de nombreuses ONG tirent la sonnette d’alarme car la situation sanitaire de la Grèce devient dramatique. Michèle Rivasi, eurodéputée française (EELV) a pu le constater par elle-même en passant trois jours à Athènes.
Pour cette spécialiste des pays africains, ce qu’elle a vu "donne l’impression d’être dans un pays en voie de développement ".
Après six ans de récession, le pays est exsangue : 40 % des revenus disponibles des ménages ont été détruits. Le taux de chômage avoisine les 28 %, et monte à 60 % chez les jeunes. Avec un budget de la santé réduit des deux tiers les conséquences sont dramatiques : bon nombre de personnes n’ont plus accès à la sécurité sociale, et même l’accès à l’hôpital devient difficile. 25 € pour accéder aux soins … 650 € pour accoucher. Les vaccinations des enfants, désormais payantes, sont souvent négligées. La mortalité infantile a augmenté, et les médecins voient revenir des maladies comme le paludisme ou la tuberculose. Quand au sida, propagé par une prostitution galopante et une consommation exponentielle de drogues dures, il se développe à grande échelle.
Michèle Rivasi estime que la Commission européenne, garante des Traités, oublie la Charte des Droits Fondamentaux, adossée au Traité de Lisbonne. Charte qui garantit notamment à chacun l’accès aux soins. Selon elle, le travail de la Commission à Athènes ne peut pas se borner à fixer le calendrier de payement de la dette.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.