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Europe : Interpol met en garde contre le non recyclage des «e-déchets»
En Europe, seuls 35% des équipements électriques ou électroniques usagés, communément appelés e-déchets, sont recyclés dans les règles de l'art, selon une étude de l’Université de Nations Unies (UNU) et Interpol. Cette dernière souligne que 4,7 millions de tonnes de ces e-déchets sont «mal gérés ou font l'objet d'un commerce illégal».
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Lorsque nos vieux équipements domestiques (machines à laver, aspirateurs, sèche-cheveux, téléphones, téléviseurs, imprimantes et ordinateurs) ne sont pas correctement recyclés, cela profite à la criminalité environnementale, s’alarme Interpol. Car seuls 3,3 millions de tonnes d'équipements électriques et électroniques (DDE), sur les 9,5 millions de tonnes générées en Europe, ont pu être collectées et recyclées, selon l'étude publiée le 30 août 2015.
Ces produits usagés qui échappent aux circuits connus de recyclage représentent, selon l’organisation policière, une «perte» financière de 800 millions à 1,7 milliard d'euros pour les entreprises habilitées à traiter de manière appropriée ces déchets. Environ 6,2 millions de tonnes de ces équipements jetés sont soit exportés, soit recyclés dans des conditions non conformes, ou simplement déposés dans des conteneurs à ordures, déplore l'UNU.
Croissance record en 2014
Leur quantité en Europe équivaut à «un mur haut de 10 mètres qui irait d'Oslo jusqu'à la botte de l'Italie», ironise Pascal Leroy, secrétaire général du de l'ONG WEEE Forum, la fédération européenne des éco-organismes. Cité dans le rapport d'Interpol, cet expert constate que «les équipements électriques et électroniques ont connu la croissance la plus rapide dans les flux de déchets à travers le monde».
Quelque 41,8 millions de tonnes d'équipements électriques et électroniques ont été jetés en 2014, contre 39,8 millions en 2013, selon un rapport de l'UNU d'avril 2015. La «miniaturisation des produits» donne la possibilité au consommateur de les mettre directement à la poubelle et d'éviter le tri sélectif.
Profits illégaux
«Le commerce illicite de e-déchets se développe, ce que les gouvernements peuvent empêcher en usant de sanctions pénales et administratives en rapport avec les profits illégaux comme avec les dommages sociaux et environnementaux engendrés par ce trafic», constate David Higgins, chargé de la sécurité environnementale à Interpol.
Conformément à une directive européenne de 2012 relative aux DDE, 85% des e-déchets en poids devront être collectés et recyclés à partir de 2019 afin de recueillir des métaux comme l’or et l’argent et éviter aussi des rejets dans la nature de substances toxiques comme le mercure ou le plomb. Ce qui nécessite un traitement plus long et plus coûteux.
Norvège, Suisse et France
Les Etats membres doivent informer la Commission européenne des volumes qu'ils ramassent, recyclent et exportent. Mais les exportations illicites ou les produits non déclarés échappent à la surveillance des institutions. Selon l'étude, la Norvège produit la plus grande quantité d'e-déchets avec 28,4 kilos par habitant, suivie de la Suisse (26,3 kilos) puis de l'Islande (26,1 kilos). La France arrive en 8e position, avec 22,2 kilos par habitant.
Mais, souligne Pascal Leroy, «la mauvaise gestion des e-déchets en Europe concerne dix fois plus de déchets que ceux qui sont exportés vers des endroits comme le Ghana». «Le commerce illégal des e-déchets se fait, pour la plupart, à proximité», confirme Jaco Huisman, de l’université des Nations Unies, coordinateur scientifique de l’enquête menée avec l’agence Interpol.
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