En droit, qu'est-ce qu'un otage ?
Ils sont encore six otages français français dans le monde (sept otages selon Otages du monde en comptant le franco-mexicain Rodolfo Cazares, disparu au Mexique depuis juillet 2011). Plusieurs otages, dont le dernier Francis Collomp qui a fui ses geôliers le 17 novembre 2013, viennent d'être libérés, dont certains travaillaient dans de grandes entreprises comme Areva ou Vinci.
Le statut d’otage
«Depuis 1945, le droit international a envisagé les prises d’otages au prisme des conflits armés et l’a rangé, pendant trente ans, parmi les crimes de guerre. L’article 3 commun aux quatre conventions de Genève du 12 août 1949 prohibe "en tout temps et en tout lieu" à l’égard des personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, notamment, les atteintes portées à la vie, à l’intégrité corporelle, à la dignité ainsi que "les prises d’otages"», explique le site.
«On retrouve cette prohibition dans les instruments internationaux ultérieurs et notamment dans les deux protocoles additionnels du 8 juin 1977 aux conventions de Genève et dans le statut de la Cour pénale internationale du 17 juillet 1998», rappelle un projet de loi déposé au Sénat.
L’association Otages du Monde, créée par d'ex-otages, propose, elle, une définition approchante «Quels que soient les motifs pour lesquels une personne est séquestrée, la prise d’otages constitue une violation des Droits de l’Homme, portant atteinte à l’intégrité, à la liberté et à la tranquillité des familles des victimes de ce délit. Ceci constitue également une violation des articles 1, 3, 5 et 9 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée et proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution 227 (III) du 10 décembre 1948».
L’association précise l’état du droit français : «L’article 421-1 du Code Pénal dispose que "constituent des actes de terrorisme, lorsqu’elles sont intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur (…) les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaire à l’intégrité de la personne, l’enlèvement et la séquestration."»
Au-delà des aspects juridiques que cette définition entraîne, le fait d'être otage déclenche la possibilité d'être indemnisé comme toute victime du terrorisme. Le système d’indemnisation des victimes de terrorisme, appelé Fonds de Garantie des victimes, s’applique aux otages, dédommageant une partie des douleurs subies par la privation de liberté ou les sévices endurés.
L'aide aux otages
L'otage reste un salarié
Le droit du travail indique qu'une entreprise a une «obligation de sécurité et de santé» vis-à-vis de ses salariés. Une notion qui s'applique donc aux salariés qui sont enlevés dans le cadre de leurs activités professionnelles. «L'employeur a même un devoir de résultat» sur cette question, nous précise Eric Rocheblave, avocat spécialisé en droit du travail.
«La prise d'otage peut être considérée comme un accident du travail, avec les conséquences qui en découlent», ajoute-t-il, précisant que la «responsabilité de l'employeur provient du lien de subordination qui lie le salarié aux décisions de l'employeur». C'est en effet à la demande de l'employeur que des salariés sont expatriés.
Jean-Louis Normandin, ancien journaliste de France 2, qui avait été otage au Liban pendant un an et huit mois (1986-1987) et responsable de l'association Otages du Monde, estime cependant que ces différentes mesures ne permettent pas aux ex-otages de se reconstruire totalement.
Il regrette l'absence de définition précise de l'otage dans le droit français et dénonce essentiellement l'absence de décisions de justice dans les affaires de prises d'otages. «Un chèque ne suffit pas, il manque le fait que la justice rende une décision dans ces affaires. Or, il n'y a jamais eu de condamnations dans ces dossiers que ce soit par les justices nationales ou internationales», déplore-t-il.
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